KIÉ LA PETITE PESTE

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A l’origine, Kié la petite peste est un manga d’Etsushi Haruki dont plusieurs millions d’exemplaires ont déjà été vendus au moment où le film entre en production. Pour tenter de trouver une structure cinématographique qui ait la même densité que la BD, Tokyo Movie Shinsha réunit les deux directeurs d’animation Yasuo Otsuka et Yoichi Kotabe avec le réalisateur Isao Takahata qu’ils connaissent depuis l’époque où ils étaient salariés à la Toei.

Plus précisément depuis 1968, date à laquelle Takahata réalise son premier long-métrage : Horus, prince du soleil. Et avant qu’une crise ne provoque de nombreuses démissions au sein du légendaire studio qui privilégie la création télévisuelle. Mais l’âge d’or de l’animation est en marche et Isao Takahata se fait un nom avec Les aventures de petit Panda et de nombreuses séries télévisées cosignées avec son ami et rival Hayao Miyazaki. En 1980 donc, le trio d’origine se retrouve pour cette nippo comédie réaliste dont la structure épisodique renvoie déjà au futur Mes voisins les Yamada, qui sera tourné en 1999.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MES VOISINS LES YAMADA ou encore HORUS, PRINCE DU SOLEIL .

Pour Isao Takahata, grand admirateurdu travail de Jacques Prévert avec Paul Grimault, l’intérêt de ce manga ne se trouve pas dans le scénario mais dans chaque séquence de la BD dont il commence par chercher le bon rythme et le bon découpage avant d’opter pour un style résolument burlesque. A l’aide du scénariste Noboru Shiroyama, venu de la télévision,  il en vient à ajouter plusieurs scènes, qui tout en n’étant pas dans le manga, restent conformes à son esprit. Ainsi, l’histoire est centrée sur la jeune Kié autour de laquelle orbitent un certain nombre de personnages et d’histoires secondaires qui rendent hommage à la région de Kansai, située à l’ouest du Japon, et à la ville d’Osaka dont la culture et l’accent sont parfois traités avec mépris par la population de Tokyo. Si Takahata sacrifie certains détails de la vie quotidienne, très précis dans le livre et plus sommaires dans son film, il s’attache  à recréer l’authenticité du quartier populaire en offrant la plupart des rôles à des acteurs locaux. Exemple : Tetsu est incarné par Norio Nishikawa qu’on reverra en 2002 dans There’s always tomorrow et son ami Mitsuru par Yoshio Kamigata qui apparaîtra en 1982 dans Tattoo. Quant à Kié la petite peste, elle est interprétée par Chinatsu Nakayama qui est alors âgée de 32 ans et a déjà un passé cinématographique, notamment dans le rôle de Cleopatre : reine du sexe, un étrange film d’animation à l’humour débridé sorti en 1970.

Le succès du film donne naissanceà une série télé supervisée par Takahata qui réalise quelques uns des 64 épisodes, crée la mélodie du générique et plusieurs story boards. Mais très vite, avec Hayao Miyazaki, il se consacre à la création du studio Ghibli  qui émerge en 1985, devient un gage de qualité à travers le monde entier et à travers lequel il produira Le Tombeau des lucioles, Mes voisins les Yamada et Pompoko.

A l'image de son ami fondateur des studios Ghibli, Hayao Miyazaki au travail plus psychologique, l’œuvre de Isao Takahata oriente rapidement sa filmographie vers une description sociale satirique déjà bien avant le succès de son magnifique Tombeau des Lucioles en 1988. ...

La petite Kié a hérité d’une famille dysfonctionnelle. Tetsu, le père, est un colosse de foire, bagarreur, immature et égoïste, qui traine en ville avec ses potes, boit, joue l’argent qu’il n’a pas et défie les arrogants. Parfaite et transparente, la mère est partie. ...

Kié La Petite Peste : un titre très accrocheur, cela suscite instantanément de la curiosité, on s'attend à suivre les mésaventures d'un personnage haut en couleur. De ce côté, on ne peut qu'être déçu, car Kié n'est pas l'enfant terrible qu'on pourrait imaginer. Alors ...