JONATHAN LIVINGSTON LE GOÉLAND

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Un des premiers avatars grand public de ce qui n'était pas encore qualifié de new age, le livre de Richard Bach Jonathan Livingston le goéland a connu au début des années 70 un succès comparable à celui de Love story, et il a marqué son époque au même titre que les pantalons à patte d'éléphant et les minibus Volkswagen.

Une sorte de fable spiritualiste, mélange de morale chrétienne et de philosophie orientale, l'histoire suit un goéland individualiste qui après avoir été exclu de son clan parce qu'il cherchait à battre des records de vitesse plutôt que de récupérer des déchets de poissons, en profite pour explorer l'univers et s'améliorer.

Lorsque Paramount a décidé d'adapter cette parabole en prise de vues réelles avec de vrais goélands qui parlent, le pari semblait extrêmement risqué. Mais la réputation du livre, la musique de Neil Diamond et l'aspect objectivement spectaculaire des séquences aériennes a attiré suffisamment de spectateurs avides d'évasion planante pour permettre au film de rentrer dans ses frais.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HAPPY FEET (Même parcours initiatique d'un animal (un pingouin) qui se distingue de ses semblables et fait de sa différence une force.) ou encore KOYAANISQATSI (Pour l'effet "ride", obtenu en prenant de la hauteur et de la vitesse).

Avec son message consensuel prônant le refus de l'esprit de troupeau et la quête de la perfection, Jonathan Livingston le goéland avait de quoi séduire la jeunesse individualiste des années 70. L'aspect spectaculaire des prises de vues aériennes devait y ajouter une double dimension, spirituelle grâce au sentiment d'élévation et viscérale avec la sensation de la vitesse. De ce point de vue, le film remplit son contrat: réalisées sous la supervision du chef-opérateur Jack Couffer, les séquences de vol restent impressionnantes, prouvant que l'enregistrement de la réalité peut être aussi efficace que les effets numériques. Même si certains plans de goélands ont été tournés avec des planeurs télécommandés construits par le pionnier de l'aviation Mark Smith, il est souvent difficile de les distinguer des "vrais".

La BO interprétée par Neil Diamond a connu un succès colossal : disque d'or en Grande-Bretagne et en Allemagne, platine en France, double platine aux Etats-Unis et au Canada. En fait, les ventes de l'album ont dépassé les entrées du film qui est tout juste rentré dans ses frais. Probablement parce qu'il n'a attiré qu'une partie de chacun des segments auquel il semblait s’adresser : les enfants, les jeunes adultes et les lecteurs du livre, qui est resté en tête de liste des best sellers du New York Times pendant 38 semaines d'affilée et s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires aux Etats-Unis. Il faut y ajouter un public inattendu : les fumeurs de pétards attirés par la réputation trippante du film. Ce sont les mêmes qui avaient contribué au succès de la ressortie de Fantasia à la fin des années 60, parce qu'ils y avaient trouvé des qualités psychédéliques.

Richard Bach, l'auteur de la nouvelle, avait des droits de final cut et il a exigé des modifications avant la sortie du film. De son côté, Neil Diamond a poursuivi la Paramount pour avoir coupé trop de sa musique. Enfin, le réalisateur d'un court métrage expérimental du début des années 30 a fait un procès pour plagiat. Ces mésaventures juridiques n'ont pas empêché Jonathan Livingston le goéland de gagner un Golden Globe pour la meilleure BO. 

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