IDA

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Dans la Pologne des années 60, avant de prononcer ses vœux et entrer en religion, Anna, une jeune orpheline élevée au couvent, part à la recherche de sa tante Wanda, seul membre de sa famille encore en vie. Elle découvre alors un terrible secret de famille datant de l’occupation nazie. Tel est le synopsis du film Ida écrit par son réalisateur Pawel Pawlikowski avec la collaboration de Rebecca Lenkiewicz.

Né à Varsovie en 1957, Pawel Pawlikowski a quitté la Pologne à 14 ans pour vivre en Allemagne puis en Italie avant de s’installer au Royaume-Uni en 1977. L’origine de son film Ida repose donc sur les souvenirs de cette enfance polonaise. Comme il l’a indiqué au moment de la sortie du film, il avait besoin de toucher à quelque chose d’historique en relation avec ses racines. En relation également avec la religion catholique qu’il décrit comme le socle de l’identité polonaise dans un pays qui a subi l’occupation étrangère pendant 150 ans.

Le choix du noir et blanc fait partie intégrante de cette dimension historique. « Mes souvenirs, les films de l’époque et surtout mes albums de famille sont en noir et blanc » a ainsi expliqué le cinéaste. Il fallait également selon lui, « limiter au maximum les choses » : les éléments et objets présents, les dialogues, les informations et même la taille de l’écran puisque le film est au format 4/3. Soit un film qui suggère le plus possible en montrant un minimum.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE DIALOGUE DES CARMÉLITES (Le film de Philllipe Agostini et Raymond Léopold Bruckberger d’après les dialogues de Georges Bernanos , sorti en 1960, aborde lui aussi les relations de la religion et du politique au sein d’une communauté religieuse féminine) ou encore LES INNOCENTES (Inspiré d’une histoire vraie, le film réalisé par Anne Fontaine revient lui aussi sur l’histoire tourmentée de la Plogne durant la Seconde Guerre mondiale).

Si on ne saurait le résumer à la beauté de ses images, Ida repose cependant sur des choix esthétiques radicaux avec en premier lieu le choix du noir et blanc, du format et du décadrage des personnages. Suite à la défection de son chef-opérateur habituel dès le premier jour de tournage, Pawel Pawlikowski a dû faire appel à un novice en la matière. Agé d’à peine trente ans, Lukasz Zal fait ici ses premières armes et cette collaboration s’est ensuite poursuivie, preuve de la complicité artistique qui unit désormais les deux hommes.

L’importance de la musique est un autre élément clé du film. Selon Pawlikowski, la plupart des chansons qu’on y entend étaient présentes dans le scénario. Comme autant de petits cailloux pop liés à l’enfance et aux souvenirs de famille. Des titres que le cinéaste qualifie de « cool » et qui rompent littéralement avec le côté gris et dur de la Pologne des années 60, tout comme le jazz de Coltrane. Et c’est enfin un élément autobiographique puisque, à l’instar du personnage de Lis, Pawlikowski a lui-même joué du jazz quand il était jeune.

Après des études littéraires à Londres et Oxford, Pawel Pawlikowski est passé à la réalisation de documentaires au milieu des années 80. C’est en 1997 qu’il signe son premier film de fiction, The Stringer.  Son troisième film, Summer of Love, lui ouvre en 2005 les portes de la reconnaissance internationale. Sept ans plus tard, il pose sa caméra en France pour adapter La Femme du Ve  de Douglas Kennedy. En 2018, avec Cold War le cinéaste signe son retour au noir et blanc et obtient le Prix de la mise en scène.

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