HONKYTONK MAN

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Lorsque Clint Eastwood réalise Honkytonk Man en 1982, il n’est pas encore entièrement reconnu comme le grand cinéaste américain qu’il est. Le film, pourtant, contribuera à cette reconnaissance tant il semble être davantage le résultat de la volonté d’une expression personnelle d’un auteur que du calcul commercial d’une grande vedette devenu producteur et réalisateur de films.

Eastwood vient de réaliser Firefox, l’arme absolue, d’après un roman de Craig Thomas, fiction de guerre froide dans laquelle il incarne un pilote américain qui dérobe, au nez et à la barbe des Russes, un avion de combat prototype. Après cette fantaisie, non dénuée d’ironie, qui conforte l’image de l’acteur dans l’esprit du grand public, Eastwood s’intéresse à un roman de Clancy Carlile, Honkytonk Man. L’écrivain n’était, à l’origine, guère convaincu par la capacité de Clint Eastwood de tourner une version cinématographique de son roman. L’acteur réussit toutefois à le convaincre après avoir rencontré Carlile dans son ranch. Il lui demande d‘effectuer lui-même l’adaptation de son livre, impose son fils Kyle dans la distribution et s’attribue le rôle principal, celui d’un musicien de country tuberculeux et alcoolique. Carlile et Eastwood partage par ailleurs le même agent ce qui a contribué à faciliter les choses.

Produit par sa propre compagnie Malpaso, pour la Warner, Honkytonk Man est une œuvre intimiste et mélancolique, a priori très éloignée des films d’action à succès que tourne régulièrement l’acteur. Eastwood fait appel à sa troupe de collaborateurs habituels : Bruce Surtees à la photographie et Ferris Webster au montage. L’action se situe dans l’Oklahoma des années 1930. Un chanteur de country vieillissant et malade entreprend un voyage avec son neveu jusqu’à Memphis pour enregistre un disque… son premier et son dernier vraisemblablement. A sa sortie, le film ne rencontra pas le succès et dérouta les critiques américains qui le trouvèrent kitsch et bien pensant (les aveugles !). Le film contribua pourtant à la prise de conscience que Clint Eastwood était un auteur véritable. Deux ans plus tard la Cinémathèque française lui consacra une rétrospective et ses films seront désormais régulièrement sélectionnés au Festival de Cannes.

 
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Kyle Eastwood ne fera pas une grande carrière comme acteur au cinéma mais deviendra un musicien de jazz renommé. Il était déjà apparu, non crédité au générique, dans Josey Wales hors-la-loi et Bronco Billy signés par son père et réapparaitra dans Sur la Route de Madison. Il écrira la musique de plusieurs films de son père dont Mystic River, Million Dollar Baby et Gran Torino. Il est également joueur de contrebasse, donne régulièrement des concerts et a enregistré plusieurs disques.

Honkytonk Man est l’adaptation d’un livre de Clancy Carlile, écrit en 1980. Clancy Carlile est né en 1930 dans la réserve indienne Choctaw dans l’Oklahoma. Son père était en effet demi-cherokee. Il travaille comme cueilleur de coton au Texas puis cueilleur de fruits en Californie où sa famille s’est installée. Il est militaire durant la Guerre de Corée où il prend conscience de son goût pour la littérature Après sa démobilisation, il est diplômé de l’Université de San Francisco. Il écrit son premier roman en dix-sept jours en 1958, As I Was Young and Easy. Il écrira Spore 7, un roman de science-fiction horrifique, en 1977, Honkytonk Man en 1980 et Children of the Dust en 1995. Ce dernier roman, sur l’installation des pionniers en Oklahoma fera l’objet d’une minisérie télévisée avec Sydney Poitier la même année. On dit qu’il ne fut guère satisfait du film de Clint Eastwood, trouvant le personnage principal trop « frais et sexy » à son goût. Clancy Carlile est mort en 1998 à Austin au Texas.

Si la critique américaine n’a pas vu immédiatement l’importance du film, celui-ci eut très tôt un admirateur illustre. Norman Mailer a vu, en effet, dans Honkytonk Man : « la compassion sévère qui sous-tend ce qu’il y a de meilleur dans la musique country…et dans le rude ventre affamé de l’Amérique…s’en tirant avec presque rien, excepté des soucis quotidiens et l’étincelle d’un rêve qui ne s’éteindra jamais. »

Un Clint Eastwood dont je n'attendais rien, mais qui s'avère au final une vraie bonne surprise. On y retrouve le souffle rustique et humaniste de certains de ses grands crûs de l'époque, tels que Sur la route de Madison et Un monde parfait. Road movie tranquille apparemment ...

Un Clint Eastwood comme je les aime. Simple mais touchant. Il est évident que Clint n'a pas poussé son scénario ni sa mise en scène au maximum et ce choix reste pourtant le meilleur pour servir son sujet: La mélancolie. Techniquement ça reste du solide. Si la mise en scène ...

Les esprits intolérants ne veulent voir en Clint Eastwood que le militant républicain. Pourtant, si l'on regarde sa filmographie, ce qui le caractérise le mieux, c'est l'humanisme dans le vrai sens du mot; pas dans le sens ou certains groupes se sont appropriés ce terme à ...