HER JOB

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C’est l’histoire d’une femme au foyer. Un foyer athénien, aujourd’hui, le mari, les deux enfants. Et la crise. La terrible crise économique qui secoue la Grèce depuis dix années. Alors la bonne épouse va devoir sortir, dans la jungle de la ville, gagner trois sous à faire des ménages.

Dans « Her Job » - son travail - titre anglais d’un film de Nikos Labôt, on assiste à la chronique douce-amère du destin d’une femme analphabète qui découvre le travail et la solidarité entre petites gens.

Le film est millésimé 2019, grec mais coproduit par des Français, et il a fait son chemin via le festival de Toronto où la critique et les distributeurs y ont vu une touchante illustration du désarroi dans un pays qui fut le berceau de la culture occidentale. Voici Her Job, le travail c’est la santé.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MOI DANIEL BLAKE DE KEN LOACH (2016) (Une bonne partie de l'oeuvre de Ken Loach, cinéaste des "working class heroes" pourrait prendre place au côté de "Her Job" par son observation des situations de survie des déclassés de la société marchande. Ce film montre la rencontre et l'entr'aide entre une mère célibataire et un homme malade.) ou encore ROMUALD ET JULIETTE DE COLINE SERREAU (1989) (Un conte de fée social entre un PDG et sa femme de ménage. Elle, l'invisible, ouvre les yeux de son patron sur les malversations de ses collaborateurs et les trahisons de sa femme. Le grand écart social ne va pas les empêcher de se rapprocher et entamer une relation de plus en plus tendre.).

Nikos Labôt, le réalisateur l’a dit en interview : l’histoire de cette femme qui passe de l’aspirateur domestique à l’aspirateur industriel et y découvre quelque chose passant pour de la joie de vivre est vraie. Il a vu cette métamorphose chez une employée de son entourage. Pour autant le film ne fait pas l’apologie de l’émancipation par le travail. Il montre surtout comment une morte-vivante revient à la vie quand elle se sent utile.

Le film repose sur la performance de l’actrice omniprésente et qui, c’est un paradoxe, pratique tellement l’underplaying qu’on a le sentiment qu’elle n’éprouve rien. Du coup chaque sourire, chaque geste à peine ébauché, devient quasiment une sensation extrême. Le cinéaste a mis de long mois à trouver Marisha Triantafyllidou, sa comédienne. Il l’a choisie à cause de sa gravité et la sensation qu’elle porte le monde sur ses épaules. Ils auront préparé le film deux ans, travaillant les postures et les gestes et gardant les émotions pour le tournage.

A l’arrivée c’est, bien sûr, un film politique, qui observe l’exploitation de la femme par l’homme, pour des boulots non qualifiés et sans l’ombre d’une garantie sociale. N’oublions pas que la Grèce était, au début de la décennie, qualifiée par la presse de « pays submergé ». De ces vies erratiques, Nikos Labôt fait une chanson de gestes pour un premier long métrage réaliste qui lorgne du côté de Ken Loach. Premier long métrage de fiction qui fut précédé par un long documentaire et trois courts métrages très remarqués dans les festivals.

Dans les années 50, le cinéaste grec Michaël Cacoyannis a débuté avec de superbes films néo-réalistes, qui ressortent enfin en DVD (Le réveil du dimanche, La fille en noir, Fin de crédit). Her Job, le premier long-métrage de Nikos Labôt, en est le lointain héritier ...