GUEST OF HONOUR

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Un inspecteur de l’hygiène psychorigide, sa fille, chef de choeur et ex-taularde, un lapin et les fantômes de leurs passés respectifs, « Guest of Honor » (littéralement « Invité d’honneur ») présente une galerie de personnages excentriques qui en fait un film atypique.

Atypique parce qu’il déploie un rude inconscient de culpabilité, celui de ses protagonistes et, peut-être, celui de son auteur-réalisateur, le canadien Atom Egoyan dont l’oeuvre est frappée par le deuil, la destinée, et les rendez-vous manqués.

Sorti en 2019, le film est interprété avec puissance par David Thewlis dans le rôle du père et Laysla De Oliveira, fragile et forte à la fois, dans celui de sa fille. On remarquera aussi un jeune homme qui porte le nom de Rossif Sutherland et bien oui, c’est le fils de son père et le demi-frère de Kiefer. Bon sang ne saurait mentir.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES CHOSES HUMAINES (Parce qu'Yvan Attal fait tourner son fils et sa compagne dans ce drame policier qui montre toute la difficulté à faire la lumière sur les affaires à caractère sexuel.) ou encore MASTER GARDENER (Parce que Paul Schrader creuse, comme Atom Egoyan, le même sillon depuis des années, celui de la culpabilité et de la rédemption. C'est encore le cas avec ce beau drame criminel.).

Le film est construit en poupées russes, avec des flash-backs qui éclairent une situation par les souvenirs de la principale protagoniste. C’est le suspens d’une vie de ses traumas où, on le sait depuis « De beaux lendemains » , Atom Egoyan excelle. Mais c’est une oeuvre quelque peu austère qui n’a, évidemment, pas connu de succès en salles. On peut même dire que ce fut un échec complet qui a rangé un peu plus Egoyan dans la catégorie des auteurs tourmenté, péché ultime aux yeux du distributeur nord-américain.

La parenthèse enchantée fut, pour ce cinéaste voué à la confidence, l’adaptation du livre mythique de Russel Banks « De beaux lendemains » en 1997. Dès « Exotica » ( 1994), l’homme de Toronto, venu au cinéma par l’art théâtral et parfois ésotérique des Samuel Beckett et Harold Pinter, s’était déjà fait un nom dans l’intelligentsia anglo-européenne, via le festival de Cannes. Par la suite c’est « Ararat » (avec Charles Aznavour), en 2002, qui le ramène à son ascendance arménienne qui fera surtout parler de lui.

Mais, depuis, il est tombé dans le gouffre des cinéastes un peu démodés, c’est à dire repliés sur leur propre territoire. Pour autant l’artiste n’a jamais cessé de tourner et ce film est le 17 ème d’une carrière très cohérente. Mais quel est donc le crime que Atom Egoyan n’a pas commis ?