GHOST DOG (VERSION RESTAURÉE)

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En réalisant Ghost dog un an avant le passage à l’an 2000, Jim Jarmusch rendait hommage sans nostalgie à une variété de genres cinématographiques et de références culturelles marquantes du XXe siècle dans une sorte de mélange cohérent et intemporel.

L’histoire de Ghost dog, un tueur qui tient sa sagesse de la lecture assidue du code d’honneur des samouraïs, se réfère aux films de gangsters et de samouraïs classiques, mais aussi aux variations plus ou moins maniérées du genre.  

Prudent, méticuleux et très économe de mots, Ghost dog est toujours prêt à mourir, ce qui accentue son calme et son détachement, tout en accroissant sa concentration dans l’exercice de ses fonctions.

Le rôle a été écrit spécifiquement pour Forest Whitaker, et le film n’aurait probablement pas existé si l’acteur n’avait pas pu ou voulu le jouer.  Pour se préparer, il s’est immergé dans le personnage en étudiant minutieusement les mœurs des samouraïs. Le résultat est sans aucun doute l’un de ses rôles les plus marquants.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE SAMOURAI (Même personnage de professionnel solitaire et détaché.) ou encore LA MARQUE DU TUEUR (Un des films qui a servi de référence et auquel Ghost dog rend hommage dans deux scènes.).

Forest Whitaker a étudié la philosophie orientale et s’est entraîné à méditer pendant des heures pour se connecter à l’esprit du tueur à gages qu’il devait incarner. Son personnage ne prononce pas un mot pendant les 37 premières minutes du film. Le silence de Ghost dog et son approche méthodique et disciplinée de son métier contrastent avec l’apparente désorganisation des gangsters avec lesquels il fait affaire. Jarmusch y trouve l’occasion de gags. C’est aussi une façon pour lui d’appliquer au cinéma un des principes issus du livre Kagakure : la voie du samourai qu’il cite textuellement : « Les sujets de grande importance doivent être traités avec légèreté. Les sujets peu importants doivent être traités sérieusement ». 

Parmi les références qui ont inspiré le film, on peut citer Le samourai de Jean-Pierre Melville, mais aussi La marque du tueur de Seijun Suzuki, dont Jarmusch a reproduit deux scènes :  l’une lorsque le tueur dévie de sa cible pour observer un pivert, l’autre lorsqu’il tire une balle à travers le tuyau de l’évier. Raymond, joué par Isaach de Bankolé, est à l’origine de gags typiques du cinéaste, chez qui des personnages ne parlant pas la même langue se comprennent quand même. Dans la version originale, Raymond parle français, et dans la version française, il parle Yoruba, une langue du Nigeria. 

Henry Silva, qui joue le mafieux italien, fait ici une de ses dernières apparitions à l’écran. Il était réputé pour jouer les méchants. Dans une scène du film, il cite des noms indiens, ce qui est probablement un clin d’œil au rôle d’Indien qu’il a joué dans Les trois sergents en 1962. Gary Farmer joue un personnage appelé Nobody, en écho à Dead Man, où il jouait un Indien du même nom. RZA, qui a composé la musique, fait une apparition : c’est le personnage en tenue de camouflage que Ghost dog rencontre dans le parc un peu avant la fin du film. La version restaurée sous la supervision de Jarmusch a consisté principalement à réétalonner les couleurs conformément à l’esprit du directeur de la photo Robbie Muller,  avant son transfert en 4K.

La balade funèbre de Jim Jarmusch, télescope les codes des films de Samouraïs et ceux du Polar US. On y croise un samouraï érudit ( Forest Whitaker, grand et souple, froid et tendre, tout son être, tel le Katana, tendu vers un seul but : tracer sa vie sur la Voie du Samouraï ...

L’inimitable grâce avec laquelle Ghost Dog se déplace dans la ville résume à elle seule la place de Jarmusch dans le cinéma indépendant américain : présent, mais intouchable, presque inaperçu des autres qu’il évite avec l’habileté chaloupée du connaisseur. Spectre ...

Avec Ghost Dog, Jim Jarmusch nous entraine dans une histoire prétexte à une galerie de personnages représentatifs de la fin d'une époque, de la fin d'un certain "rapport avec le monde". Monumental dans le rôle de Ghost Dog, Forest Whitaker impressionne par sa présence physique, ...