FRÈRES TOXIQUES

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« Quelles étranges créatures que les frères !», c’est par cette phrase de la romancière Jane Austen que s’ouvre ce thriller où deux adolescents vont s’affronter tandis que leur mère, fragilisée par un cancer, peine à quitter son canapé. Pendant ce temps, au fond d’un puits abandonné le témoin d’un cambriolage qu’ils ont commis se demande quel sort lui sera réservé.

Pour sa première réalisation Alex McAulay, qui a également imaginé ce scénario, livre un thriller à l’intrigue riche en « twists ».  L’implacable rivalité entre les deux frères se conjugue à un dilemme moral dans le cadre d’une petite ville américaine filmée sous un ciel gris plombant.

Fionn Whitehead, le Tommy du Dunkerque de Christopher Nolan, incarne l’aîné teigneux tandis que Jack Dylan Grazer, vu notamment dans Ça et Ça : chapitre 2, campe le cadet au coeur tendre. Quant à la mère épuisée par la maladie et impuissante à pacifier leur relation, elle est interprétée par Mena Suvari, ici dans un registre aux antipodes de l’humour potache d’American Pie.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PANIC ROOM (Un thriller claustrophobique où il est également question de séquestration) ou encore BIENVENUE A GATTACA (On y retrouve le thème de l'affrontement entre deux frères).

Le réalisateur Alex McAulay, qui a grandi entre le Texas et l’Ohio, s’est largement inspiré de souvenirs personnels pour élaborer son scénario. Enfant, il avait été marqué par l’histoire d’un gamin qui avait passé toute une journée au fond d’un puits dans une usine automobile abandonnée. Il s’est aussi souvenu que l’un de ses camarades de classe, âgé de 12 ans, avait tiré accidentellement sur un autre, dans un bois. Quant aux frères ennemis au coeur de cette histoire, ils sont certainement une réminiscence des relations difficiles que son propre père entretenait avec son grand frère. Enfin, McAulay a choisi de tourner son film à seulement une heure et demie de route du lycée où il a étudié.

Pour autant, le réalisateur n’a pas voulu situer précisément son film dans un lieu donné. Le spectateur sait juste que la mère des deux ados regarde en permanence la chaîne WDRB, qui émet dans le Kentucky et le sud de l’Indiana mais la localisation reste  vague. Alex McAulay n’inscrit pas non plus l’intrigue dans une époque précise. Admirateur de films de David Lynch, et en particulier de Blue Velvet, il a cherché à donner à son récit une dimension intemporelle qui rend l’atmosphère encore plus angoissante et fait baigner l’histoire dans un climat quasi cauchemardesque.

On voit plus souvent Rainn Wilson dans des comédies comme Super ou la série The Office. Pour incarner Hamby, Alex McAulay lui a demandé de penser Orson Welles dans Le Troisième homme. Le plus grand défi pour le comédien a été de surmonter sa claustrophobie, alors que le rôle exige de rester cloîtré au fond d’un puits. Pour lui épargner toute crise d’angoisse, la production a fait bâtir une sorte de conduit de 12 mètres de haut au-dessus duquel la caméra était placée grâce à un système d’échafaudage. Une trappe, masquée par de la boue, à la base de l’édifice rassurait l’acteur et lui permettait de quitter aisément ce décor humide entre les prises. « C’était un boulot carrément physique, raconte l’acteur, pas un job pépère assis derrière un bureau comme dans The Office ! »