FANNY HILL

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Les grands classiques de la littérature libertine ont été pillés par le cinéma. L’alibi d’une belle reconstitution en costumes et la qualité littéraire des œuvres adaptées sont les paravents idéaux qui justifient la conception d’agréables divertissements érotiques. Fanny Hill, mémoires d’une femme de plaisir a tous les ingrédients commerciaux requis. Célèbre roman d’initiation du XVIIIème siècle, de John Cleland, consul destitué et féroce observateur des mœurs de son temps, Fanny Hill raconte l’ascension par le sexe d’une pauvre orpheline partie chercher fortune à Londres, découvrant les tavernes des quartiers populeux de la capitale, la prostitution et les vices cachés de la noblesse. Ses péripéties sont écrites à la première personne sous forme de lettres. Produit pour Playboy en 1983, ce film anglais retrouve le ton de la confidence par l’artifice de la voix off de Fanny et choisit, dans les 250 pages du roman, quelques passages croustillants. Contrairement aux précédentes versions, plus sages, tournées par Russ Meyer et Mac Ahlberg, celle-ci pousse assez loin les limites tolérées par la censure anglaise, s’inspirant du cinéma pornographique par ses cadrages et osant quelques tableaux sado-masos de domination féminine sur un homme nu, tenu en laisse et fouetté.

 
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Pour diriger cette production de luxe, le choix du cinéaste Gerry O’Hara fut des plus judicieux. Dès sa première réalisation en 1961, Eva s’éveille à l’amour, il montre un intérêt pour l’érotisme que la suite de sa carrière ne cessera de confirmer, de The Pleasure Girls avec Klaus Kinski à The Bitch avec Joan Collins. Il a aussi acquis l’expérience des budgets importants, puisqu’il fut l’assistant réalisateur de Laurence Olivier sur Richard III, Tony Richardson sur Tom Jones et Otto Preminger sur Le Cardinal. Pour rehausser davantage le prestige de cette adaptation, Playboy fait appel à des « guest-stars » de poids : Shelley Winters en maquerelle attentionnée et Oliver Reed dans le rôle de l’avocat. En libertin moribond, Wilfrid Hyde White trouve là son dernier emploi. Ce grand second rôle anglais avait été notamment le Colonel Pickering du My Fair Lady de George Cukor. Mais l’intérêt majeur du casting tient en ses starlettes qui composent le cheptel des prostituées. Dans le rôle titre, Lisa Foster, ici créditée sous le patronyme de Raines et qu’on vit aussi dans Ator l’invincible 2 de Joe D’Amato, est devenue une spécialiste de l’animation en 3D, restaurant la version de 1937 de Blanche Neige et les Sept Nains de Walt Disney et travaillant sur des films hollywoodiens comme Une journée en enfer et Super Mario Bros. Si Fanny Hill ne pouvait préfigurer la suite de son parcours, le titre ne dépare pas dans la filmographie de trois des plus captivantes étoiles du porno soft anglais de l’époque. Non créditées au générique, Vicki Scott, Suzie Sylvie et Angela Quick, vedettes d’Emmanuelle in Soho, de Sex Freak et de vidéos de boxe féminine méritent pourtant tous nos éloges pour la franchise de leur prestation.