ESCALE À TROIS

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Suite à quelques désordres concomitants dans leur parcours professionnel, deux amies, à la lisière de la trentaine et bien de leur personne décident de se ressourcer de concert en Floride. Mais leur avion est détourné dans le Missouri pour cause de gros temps. Elles n’auraient rien à redire à cet arrêt forcé de plusieurs jours dans un hôtel de luxe si les deux jeunes femmes ne s’étaient pas mis en tête de glisser dans leur lit un mec rencontré dans l’avion, pour qui elles en pincent. Toutes les deux…

Si une bonne partie du film se déroule dans un hôtel de Saint-Louis, Escale à trois est bel et bien un road movie, puisque après avoir été déroutées dans le Middle West nos héroïnes entreprennent de rejoindre Fort Lauderdale, en Floride, par la route. Soit un trajet de 1190 milles terrestres, 1915 de nos kilomètres si l’on prend l’Interstate 475. Ce qui laisse évidemment largement le temps d’ajouter quelques péripéties supplémentaires à un film qui n’en manquait pas.

Entre comédie sentimentale, puisqu’il s’agit ici de trouver un chacun à sa chacune, et envolées burlesques, les gags les plus énormes étant régulièrement convoqués, le film cherche sa voie du côté des frères Farrelly, sans en retrouver la folie douce, mais avec une santé qui n’est jamais prise en défaut. Les deux comédiennes qui mènent la farandole, Kate Upton, qui fut un mannequin aux formes plantureuses avant d’embrasser une carrière au cinéma, et Alexandra Daddario, aperçue dans quelques séries télé, ne nous laissent, en tout cas, pas souffler un instant.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver VERY BAD TRIP (C'est le même contexte, le lâcher-prise dans un grand hôtel, à la veille d'un mariage) ou encore QU'EST-IL ARRIVÉ À BABY JANE ? (Il raconte également la rivalité hors normes de deux femmes).

Escale à trois n’est pas à proprement parler un film d’auteur. Mais paradoxalement son signataire nous est connu. Il se nomme William H. Macy. Ceux à qui ce nom ne dit rien n’auraient sans doute aucun mal à identifier son visage, familier à beaucoup. Il est vrai que notre homme a derrière lui une longue carrière de comédien dans des rôles parfois marquants. Parmi les films qui l’ont fait connaître : Fargo, Magnolia, Boogie Nights, Air Force One, Des hommes d’influence, Inland Empire… Ce qui n’est pas rien, on en conviendra. The Layover est son deuxième long métrage derrière la caméra, après Rudderless, un drame tout en retenue autour d’un homme qui tente de faire le deuil de son fils, et avant Krystal, qui s’attache aux pas d’une jeune femme, une ancienne prostituée, strip-teaseuse, toxicomane et alcoolique. Escale à trois apparaît ainsi comme une parenthèse adolescente et atypique dans la carrière du comédien réalisateur. Que ceux qui ne vouent pas une passion débordante au film n’en jette pas pour autant notre homme, qui vaut beaucoup mieux que cela, avec l’eau du bain !

Qu’il nous ait fait sourire ou au contraire grincer des dents, Escale à trois est en tous cas un film parfaitement formaté. Les blagues graveleuses, l'humour potache, les scènes sexy et les clins d’œil appuyés appartiennent à tout un courant de films made in Hollywood qui sans doute ne coûtent pas une fortune à produire mais touchent un public du samedi soir, qui ne cherche pas midi à quatorze heures et apprécie un cinéma qui sait se mettre à sa portée. Il est certain que la scène où Alexandra Daddario est coincée dans les toilettes répugnantes d’une station-service n’est pas nécessairement à graver dans les anthologies. Mais tel n’est pas le but du film, qui se veut rythmé, ponctué de quelques scènes hilarantes, tiré par deux actrices qui jamais ne se prennent au sérieux.

Nombre de films ont traité de la rivalité, de la jalousie, voire de la haine de deux femmes en opposition sur le plan professionnel ou amoureux, ou les deux. Certains sont d’indéniables chefs d’œuvre : Les Diaboliques, Autant en emporte le vent, Eve, Persona… La liste est longue, elle est même inépuisable. Mais ce n’est clairement pas sur ce terrain-là que se situe Escale à trois. Le film de William H. Macy lorgne davantage du côté des comédies trash dont Super grave, 40 ans toujours puceau, Very bad trip, ou s’il faut remonter plus loin Mary à tout prix ou American Pie constituent l’archétype. Des films qui ne portent pas le sceau de John Ford ou d’Alfred Hitchcock, c’est une évidence. Mais qui peut affirmer crânement qu’il n’a jamais ri devant ces comédies potache qui ont d’ailleurs depuis peu avec Babysitting ou Alibi.com des petits frères en France…