EMPLOYÉ / PATRON

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C’est toujours compliqué d’engager un gaucho quand on est patron. Ben oui, ces salariés-là sont héritiers d’une tradition, ils sont très impliqués dans le respect des règles de leur boulot. Et puis un bon gaucho, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval ! Alors, avant de déclencher une vague de mails scandalisés auprès de mes supérieurs chez Filmo, je tiens à préciser que par « gaucho », j’entends ces cavaliers sud-américains capables de vous rassembler un troupeau en deux claquements d’éperons ou, (dans le cas du film « Employé patron »), de réaliser des miracles dans une plantation de soja.

Un jeune patron va être obligé d’engager un jeune gaucho pour l’aider en urgence à sauver une récolte dont il a un besoin vital. Celui qui va le rejoindre est un garçon tout juste sorti de l’adolescence, jeune papa lui aussi, qui cherche simplement à faire survivre sa famille tout en rêvant à un raid équestre doté d’une importante récompense financière.

Lutte des classes, rivalité entre épouses, objectifs de vie contrariés : le film de Manuel Nieto Zas s’impose par la force de ses sentiments et de ses images, faisant de ses rares dialogues une quasi-anecdote…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TU SERAS MON FILS (Quand la paternité s'invite en milieu rural : relation père/fils ou naissance d'un enfant, les choses peuvent se compliquer et même devenir franchement tendues...) ou encore L'APPRENTI (Découvrir le métier d'agriculteur, en apprendre les codes, s'ouvrir au monde et finalement choisir sa voie...).

L’un des aspects les plus intéressants de « Employé patron » est de proposer au spectateur la confrontation entre des acteurs professionnels et amateurs. Le jeune Christian Borges vit ici sa toute première expérience devant une caméra et vous avouerez qu’il ne démérité pas loin s’en faut face à Nahuel Pérez Biscayart, sur le cas duquel nous reviendrons un peu plus tard… Les réalisateurs aiment pratiquer cette sorte de saut périlleux sans filet pour donner souvent un peu plus de force encore à leur récit. Comme si, en confiant des rôles importants à des comédiens non-professionnels, ils ajoutaient un peu plus encore de véracité à, leur sujet…

En France, Louis-Julien Petit est passé maître en la matière. Avec « Discount », « Les invisibles » ou « La brigade », le cinéaste a entouré ses « vedettes » de gueules et de caractères qui ont toujours marqué le public. Abdellatif Kéchiche est également un spécialiste de ce principe : souvenons-nous que c’est dans « La graine et le mulet », que Hafsia Herzi a littéralement crevé l’écran, décrochant même un César du meilleur espoir féminin. On pourrait également citer Laurent Cantet (le casting bluffant de naturel de « Entre les murs ») ou Jacques Audiard qui misa tout sur la performance d’Anthonythasan Jesuthasan et Kalieswari Srinivasan, (comédiens amateurs srilankais), pour la réussite de « Dheepan », sacré d’une Palme d’or à Cannes en 2015 ! Et si l’on remonte plus loin dans le temps, rappelons que Vittorio De Sica dans « Le voleur de bicyclette » est allé puiser dans le vivier de véritables ouvriers pour forger sa fresque néoréaliste…

Comme promis, revenons sur le dossier Nahuel Pérez Biscayart, comédien argentin remarqué par Benoit Jacquot au tournant des années 2010, révélé chez nous par le cinéaste avec « Au fond des bois » avant de connaître la consécration d’abord dans « 120 battements par minutes » de Robin Campillo sept ans plus tard, (César du meilleur espoir masculin) puis la même année dans « Au-revoir là-haut » d’Albert Dupontel…

Le clivage entre les classes sociales est une thématique très présente dans le cinéma latino-américain et au cœur de El empleado y el patron, troisième long-métrage de l'uruguayen Manuel Nieto. Situé à la frontière avec le Brésil, le film confronte en milieu rural deux ...

Employé/Patron un film de Manuel Nieto avec Nahuel Pérez, Cristian Borges, et Carlos Lacuesta, dans son propre rôle.
Une vie dans les champs de soja de l’Uruguay. Un patron/ un salarié. Chacun dans son champ d’action à besoin de l’autre, même si tout dans leur condition ...

L’un et l’autre sont dans la force de l’âge, dans la “saison” des grands rêves. Ce sont des jeunes pères attentifs et aimants, dépositaires d’histoires familiales fortes. L’un c’est un patron, l’autre un employé. Le père de l’un a longtemps travaillé ...