DON GIOVANNI (VERSION RESTAURÉE)

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L’opéra Don Giovanni a été composé par Mozart en 1787 sur un livret de l’Italien Da Ponte et on pourrait s’étonner que le cinéaste Joseph Losey, réalisateur entre autres de MONSIEUR KLEIN et du MESSAGER, ait choisi de porter à l’écran ce sommet de l’art lyrique. Le réalisateur le reconnaissait d’ailleurs volontiers: il n’était pas un fanatique d’opera. Mais il n’a pas résisté à ce projet combinant Mozart, le thème de Don Juan et l'architecture de Palladio.

La grande originalité de ce DON GIOVANNI réside en effet dans ses décors naturels : des villas et bâtiments édifiés autour de Venise et de la ville de Vicence par le fameux architecte de la Renaissance Andrea Palladio. 

L’affiche, non moins prestigieuse, réunit quelques uns des plus grands interprètes et voix du moment de Ruggero Raimondi, dans le rôle-titre, à Teresa Berganza en Zerlina en passant par Kiri Te Kanawa en Donna Elvira et José van Dam en Leporello.

Avec ce projet Losey avait notamment pour objectif de rendre cette musique accessible au plus vaste public populaire possible, à tous ceux qui aiment l'opera et peuvent rarement se permettre de le voir ou de l'entendre sur scène. Le cinéaste souhaitait tout autant faire une véritable oeuvre cinématographique. Et pour le chef d’orchestre Lorin Maazel, qui dirige ici les musiciens, le défi a été gagné.

Il a qualifié ce DON GIOVANNI de chef-d’oeuvre : « c'est un film, non un opéra filmé ». Losey a dû apprécier le compliment.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CARMEN (Une réalisation de Francesco Rosi tirée du célèbre opéra de Bizet) ou encore DON JUAN (Don Juan revisité par Jacques Weber qui interprète également le fameux séducteur).

Pour Joseph Losey, « Don Giovanni » est une œuvre moderne. Selon lui c'est le drame d'une classe sociale. C’est pourquoi le cinéaste a placé une citation du penseur marxiste Antonio Gramsci en exergue du film... "l'ancien se meurt et le nouveau ne peut voir le jour. Dans cet interrègne, une grande diversité de symptômes morbides surgissent ». Le réalisateur qui avait traité magistralement les relations maître-serviteur dans THE SERVANT, aborde à nouveau cette thématique.  Il voyait dans cette satire vigoureuse et « très amère » l'histoire d'un homme mal adapté psychologiquement à son époque ; mais aussi le portrait d'un homme fort, parce que, malgré sa peur, il provoque son propre destin. »

L’idée de rapprocher Mozart des villas de Palladio vient de Rolf Liebermann, administrateur de l’Opéra de Paris, qui collabora au scénario. L’architecture de Palladio est à la fois théâtrale et réaliste, c'est une architecture mathématique, ce qui correspond à la musique de Mozart, elle aussi mathématique. Mais au fait, pourquoi ouvrir ce DON GIOVANNI dans une verrerie? Au temps des villas de Palladio, les Vénitiens allaient dans les terres où ils avaient des lieux de villégiature et des exploitations agricoles. Il y avait des fabriques de verre aussi. Losey a voulu montrer les liens de Venise et de la campagne, il a voulu montrer une société qui s'étend du commerce à l'industrie, de l'eau à la terre. Il a ainsi situé l'origine de la richesse de Don Juan dans une verrerie. D'où l'utilisation du théâtre olympique et de la fabrique pour l'ouverture. Dès le début on le voit en somme à la fois l'endroit d'où lui vient sa richesse et à l'endroit où il va mourrir.

Tourner avec des chanteurs était une expérience inédite pour Losey. « Aucun des chanteurs n'était très amateur de cinéma, déclarait-il. Je suis même sûr qu'aucun d'entre eux n'a jamais vu un film de moi.  
J'ai trouvé beaucoup plus facile de travailler avec eux que cela l'aurait été avec des acteurs » plaisantait Losey qui avait beaucoup apprécié leur grande concentration.

Quant à l’énigmatique Valet en noir incarné par Eric Adjani, le frère d’Isabelle, pour le cinéaste c’est vraisemblablement le fils illégitime de Don Giovanni. Et il voyait ce personnage avant tout comme un instrument stylistique et théâtral : il ouvre la première porte et ferme la dernière. « Il devrait représenter mon point de vue sur l’oeuvre » avait-il indiqué dans une note préparatoire au tournage.

J'ai été transcendé par la puissance des émotions transmise par le chant lyrique des acteurs. L'histoire est passé quand second plan. Au début j'ai commencé le film en me disant: "c'est quoi ce truc !? ils vont chanter tout le long du film ???" et bien oui ! Ils ne font ...

Contrairement à Bergman qui s'était fourvoyé dans la Flute enchantée, Losey a réussi son Don Giovanni. Un enchantement vocal et visuel, il y a juste quelques très légères faiblesses comme ces balades en barque dans la brume qui ne le font pas ? Sinon la distribution est ...

Magnifique opéra de Mozart, Don Giovanni est tourné par Joseph Losey dans le cadre enchanteur de la région de Vicenza, principalement à la Rotonda, villa de Palladio, avant un final sur la lagune de Venise. Les voix puissantes de Ruggeiro Raimondi et de José Van Dam et les ...