DEVIL'S PEAK

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Devil’s Peak nous donne des nouvelles de Ben Young, talentueux cinéaste australien qui s’était fait connaître en 2017 avec son premier long métrage, Love Hunters, thriller horrifique inspiré de faits réels. Après être passé par la case Netflix en 2020 avec le film de science-fiction Extinction, Devil’s Peak marque son retour dans le domaine du film poisseux et violent. Un genre qui sied mieux à ce réalisateur habile pour mettre en scène le suspense et la tension.

Adapté du roman Where All Light Tends To Go de David Joy, Devil’s Peak a pu voir le jour notamment grâce au concours de l’actrice Robin Wright, qui produit et incarne la mère toxico de Jacob McNeely, le personnage principal du film. Un rôle sur mesure pour cette grande interprète, qui apporte un supplément d’âme et d’émotion au thriller de Ben Young. Et puisque l’action du film tourne autour d’une famille de malfrats qui se déchire, qui eût été meilleur que Hopper Jack Penn, le fils de l'actrice et de Sean Penn, pour se glisser dans la peau de Jacob ?

Devil’s Peak est une plongée au cœur d’une Amérique rurale en déliquescence, où seul l’uniforme sépare élus, policiers et dealers. Un film brut et court, devant lequel il est difficile de reprendre son souffle.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver FARGO (Un thriller poisseux au coeur de l'Amérique profonde doublement oscarisé) ou encore WINTER'S BONE (Un drame familial rural sur fond de trafic de méthamphétamine, qui a révélé Jennifer Lawrence).

Tous les amateurs de Breaking Bad auront reconnu des points communs entre la série et Devil’s Peak. Outre le trafic de méthamphétamine présent en toile de fond, les rapports qu’entretiennent Jacob et son père Charlie rappellent ceux de Jesse Pinkman et Walter White dans la série de Vince Gilligan. Plus troublant, la ressemblance physique entre Billy Bob Thornton et Bryan Cranston, Charlie ressemblant à un sosie psychopathe et dégénéré de Walter White. Jacob a cependant un destin différent de Jesse Pinkman, car il parvient à échapper aux griffes de son père et sauver la vie de celle qu’il aime.

La force du film de Ben Young réside surtout dans son casting, galerie de gueules uniques du cinéma américain. Outre les stars Billy Bob Thornton et Robin Wright, on croise Jackie Earle Haley, inoubliable Rorschach dans Watchmen, Brian d’Arcy James, vu chez Spielberg et Sorkin, ou encore Emma Booth, actrice australienne qui a joué dans les deux précédents films de Ben Young. Face à ces interprètes confirmés, Hopper Jack Penn, qui a le même visage cassé que son père, et Katelyn Nacon, passée par la série The Walking Dead, ne se démontent pas.

Certes il s’agit d’une production américaine tournée en Caroline du Nord avec des acteurs américains, mais le film est traversé par une fureur, une sauvagerie et un nihilisme issus tout droit du cinéma australien. Au confluent du cinéma indépendant de Sundance, du southern gothic et de l’ozploitation, se situe donc Devil’s Peak, thriller inouï et implacable.