DEAN

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A New York, un illustrateur tombe amoureux d’une femme de Los Angeles tout en essayant de convaincre son père de ne pas vendre leur maison de famille si tôt après la mort de sa mère. Les allers-retours entre les deux villes ne vont pas rendre facile les deux fronts menés en parallèle…

Si le personnage principal de Dean court après deux lièvres, Demetri Martin lui veut relier avec son premier long métrage les univers de Wes Anderson et Woody Allen. Au premier il emprunte la fantaisie, au deuxième les joutes verbales masquant des failles et blessures intimes. Aux deux, ce délicat vernis de l’humour pour ne pas se laisser déborder par la mélancolie.

Martin, auteur pour de nombreux late shows de la télé américaine et valeur sûre du stand –up depuis le début des années 90, amène à Dean une touche personnelle par cette pratique de la vanne douce-amère, d’un récit du quotidien faussement anodin mais totalement universel quand il s’agit de la difficulté à gérer peines de cœur et du deuil sans les laisser prendre le dessus.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PASSENGERS (Un autre film sur la difficulté de faire le deuil d'un de ses parents) ou encore QUAND HARRY RENCONTRE SALLY (Comme Dean, ce classique de la comédie romantique parle d'une rencontre amoureuse contrariée).

Dean fait resurgir une rivalité purement américaine, aussi amicale que traditionnelle : les mérites comparés de l’humeur comme de l’humour selon que l’on soit de New York ou de Los Angeles. Opposées géographiquement, les deux villes le sont aussi dans la manière d’aborder la comédie. Demetri Martin connait bien les deux : il est né et a vécu à New York pendant une quinzaine d’années, avant de s’installer à Los Angeles pendant huit ans. De quoi observer les codes sociaux des deux endroits, et leurs manières différentes de rencontrer et se familiariser aux gens.

Dean a failli être un film autobiographique, Martin, à juste biaisé avec sa propre histoire, qu’il avait d’abord approché dans un de ses spectacles de stand-up. S’il interprète le rôle-titre, c’est son père qui est décédé quand il était jeune adulte et non sa mère. Les rapports entre Dean, son frère et sa sœur doivent des éléments à ceux du réalisateur avec les siens.  Et pour nourrir la carrière d’illustrateur de ce personnage, Martin a puisé dans sa courte expérience de dessinateur, l’ayant mené à la publication d’un unique recueil de dessins. Dans tous les cas, il s’est basé sur un aspect émotionnel, les phases d’excitation ou d’angoisses par lesquelles il est passé. Elles confèrent une étonnante authenticité à son film.

Pour ce qui est de la réalisation, Demetri Martin a dû piocher ailleurs que dans des cours de mise en scène, puisqu’il n’a pas fréquenté d’école de cinéma. Il a tout de même eu le loisir de pouvoir l’étudier in vivo au gré de la poignée de films où il a joué. Sous la direction de Steven Soderbergh dans Contagion mais surtout d’Ang Lee, pour qui il a tenu le rôle principal d’Hôtel Woodstock. C’est auprès de ce réalisateur et de son équipe technique qu’il s’est formé le temps du tournage avant de se lancer dans le grand bain.