CONTRE TON COEUR

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Juste une question avant de vous laisser regarder « Contre ton cœur » : sur l’échelle de Richter du moral, vous êtes plutôt autour des 9, 10 ou proche du 2,3 ? Parce que si c’est 2, 3, il vaut mieux attendre un peu, à moins que le malheur des autres ne vous aide justement à remonter la pente, sur l’air du « il y a toujours pire dans la vie » !

Le film de Teresa Villaverde nous plonge dans le Portugal de la crise économique, au cœur d’une famille au bord de l’implosion. Le père est au chômage, la mère doit cumuler deux emplois mais leur fille elle, n’entend pas renoncer à l’insouciance de sa vie d’adolescente. Inexorablement, le fossé va se creuser, chacun essayant comme il peut d’éviter le pire...

L’histoire est minimaliste mais ne sombre jamais dans le misérabilisme, montrant simplement la lente descente aux enfers d’un foyer pourtant bâti sur des bases solides. Une catastrophe sociale et humaine que des millions de personnes ont vécu ou vivent au quotidien, transposée à l’écran par une cinéaste engagée et sincère...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TABOU ou encore LA PEAU DOUCE .

On parle assez peu du cinéma portugais et je vais profiter des deux minutes qui viennent pour réparer cette injustice ! Teresa Villaverde, la réalisatrice de « Contre ton cœur » en est un des fers de lance les plus récents. Son film « Tres irmaos » en 1994 a connu un destin international en obtenant le prix de la meilleure actrice pour Maria De Meideros à la Mostra de Venise. La cinéaste a également eu les honneurs du Festival de Cannes en 1998 et 2006, d’abord dans la catégorie Un certain regard avec « Os Mutantes » puis à la Quinzaine des Réalisateurs avec « Transe ».

La Croisette où la figure incontournable du cinéma portugais a été célébré d’une Palme d’honneur : je veux parler de Manuel De Oliveira, longtemps considéré comme le plus veux cinéaste en activité, décédé en 2015 à l’âge très respectable de 106 printemps ! Voilà un homme quasiment né en même temps que le cinématographe et qui, jusqu’au bout, lui a dédié toute son existence. « Amour de perdition », « Le soulier de satin », « Non ou la vaine gloire de commander », « Val Abraham », « Francesca » ou « Le couvent » font partie des œuvres majeures de ce réalisateur ignoré du très grand public mais vénéré par les acteurs du monde entier. Catherine Deneuve, John Malkovitch, Michel Piccoli, Marcello Mastroianni, Jeanne Moreau, Claudia Cardinale et bien entendu la fine fleur des stars portugaises sont passés devant son objectif... « Cesser de travailler, c’est mourir. Si on m’enlève ma caméra, je meurs » disait Manuel De Oliveira à ceux qui l’interrogeaient sur sa longévité sur les plateaux.

A partir de la révolution des Œillets qui mit fin à la dictature en 1974, le 7e art portugais a su se réinventer, dans un mouvement comparable à celui, dix ans plus tôt, de notre Nouvelle Vague. Une société en ébullition constante et une génération issue du théâtre et du cinéma de Lisbonne vont donner une vraie lisibilité populaire aux productions nationales, explorant aussi avec bonheur la voie du documentaire ou même récemment celle de l’animation...