CONTES DU HASARD ET AUTRES FANTAISIES

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Réalisé juste avant Drive my car, Contes du hasard et autres fantaisies est un ensemble de trois courts métrages qui, comme le titre l’indique, explorent sous ses diverses facettes  le thème du hasard. 

Dans le premier, une mannequin soupçonne que le nouvel amant de son amie n’est autre qu’un de ses ex, et veut en avoir le cœur net. Dans le second, une étudiante tend un piège sentimental à un professeur avec des conséquences inattendues. Dans le troisième, deux anciennes élèves se retrouvent et évoquent longuement le passé avant de faire une constatation gênante. 

Ryusuke Hamaguchi traite ses contes de l’amour et de la trahison avec une certaine ironie et un flair très sûr pour emmener le spectateur là où il ne s’y attend pas. Parmi les outils qu’il a mis au point pour y arriver, il a développé une méthode particulière pour diriger ses interprètes, qui repose sur de patientes répétitions destinées à trouver la vérité des personnages, principalement féminins.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES NOUVEAUX SAUVAGES (Ce que Hamaguchi fait sur le thème du hasard, l'argentin Damian Szifron le fait sur le thème de la vengeance.) ou encore SUIS-MOI JE TE FUIS (Même étude de moeurs dans le Japon contemporain.).

Remarqué à Cannes avec Senses (2015) qui durait 5 heures 17, puis avec Asako I et II (2018), Ryusuke Hamaguchi s’est imposé comme un des réalisateurs majeurs de la nouvelle génération de cinéastes japonais. Avec Contes du hasard et autres fantaisies, il affirme son goût pour le cinéma européen, révélant les influences de Lelouch et plus particulièrement de Rohmer, qu’il considère comme un maître de l’adéquation du style au sujet. A l’origine, il avait écrit sept histoires mais n’en a filmé que trois. Il a tourné les deux premiers épisodes fin 2019 et le troisième en juillet 2020 pendant la longue pause due à la pandémie de Covid qui l’a obligé d’interrompre la production de Drive my car. On peut d’ailleurs discerner quelques liens entre les deux films, notamment dans la tendance à filmer de longues conversation en voiture ou encore dans la façon de mettre en valeur le rapport entre un auteur et son public. 

A propos du titre original (« hasard et imagination »), le cinéaste précise que le hasard est un ingrédient qui favorise l’imprévu et la surprise. Il y a ajouté l’imagination pour plus de singularité parce que, précise-t-il : « si le hasard concerne tout le monde, ce qui nous distingue les uns des autres est notre capacité plus ou moins grande à faire preuve d’imagination pour nous sortir d’évènements que provoque le hasard ». 

Hamaguchi écrit ses scénarios indépendamment de la mise en scène, et n’éprouve pas le besoin de découper avant de tourner. A la place, il répète longuement avec les acteurs, de façon à ce qu’ils sachent exactement comment ils vont se déplacer. A l’intérieur de cette convention, ils sont libres de s’approprier leur rôle, à condition de respecter les déplacements de façon à permettre au montage de raccorder. Chaque scène est tournée intégralement sous l’angle le plus approprié, puis la caméra est déplacée afin de tourner une autre séquence, elle aussi dans son intégralité. Le film a obtenu le Grand Prix du Jury à Berlin en 2021.

En 1987, dans « Le Hasard », le réalisateur Krzysztof Kieslowski explorait déjà de superbe manière, en une construction tripartite, la thématique du hasard et de ses effets, parfois décisifs, sur une existence. En 2022, Ryûsuke Hamaguchi, réalisateur et scénariste ...

Je ne pense pas trop m'avancer en écrivant que Ryûsuke Hamaguchi, en une petite poignée de films, est d'ores et déjà un cinéaste de premier plan. À tel point que même quand il réalise une œuvre mineure, c'est savoureux. Ici, il s'agit d'une succession de trois histoires ...

Alors que Drive My Car a fait l’événement de l’année 2021 en France après sa présentation à Cannes, Ryūsuke Hamaguchi avait en réalité présenté quelques mois auparavant Contes du hasard à la Berlinale où il obtient le Grand prix du jury. Il est important de resituer ...