CODE 68

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Mais qui est donc Anne Buridan ? C’est un personnage créé de toutes pièces par l’actrice et réalisatrice Judith Cahen pour ses films La Croisade d’Anne Buridan et La Révolution sexuelle n’a pas eu lieu. Une jeune femme de maintenant qui se pose des questions sur son époque et sur ses contemporains. Elle adore mélanger les questions politiques et les problèmes sentimentaux, les interrogations sociales et les réflexions intimes. Bref, elle est toujours dans l’entre deux, comme le célèbre âne de Buridan dont elle porte le nom et qui, selon la fable, mourut de faim et de soif parce qu’il ne sut pas choisir entre la botte de foin et le seau d’eau.
Et quand le cinéaste Jean-Henri Roger décida de s’intéresser à Mai 68 à travers les yeux d’un personnage d’une trentaine d’années, il se tourna très naturellement vers Anne Buridan et proposa à sa créatrice d’écrire un film à quatre mains. Ainsi naquit Code 68, quarante ans après l'explosion du mouvement étudiant. Anne décide donc de mener l’enquête auprès de celles et de ceux qui ont vécu cette période mouvementée. Et ce malgré l’opposition de Blaise, son nouveau petit ami, qui déteste les soixante-huitards. Mais, évidemment, Anne est têtue…

 
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Au moment de la sortie de son film en salles, le cinéaste Jean-Henri Roger expliquait ainsi son projet : « Faire de la politique aujourd’hui, ce serait peut-être chercher la mémoire là où l’on n’y voit plus rien. Ce que j’ambitionne un peu de dire à travers ce Code 68, c’est « Il est temps de réfléchir autrement ». Fin de citation. La mémoire dont parle le réalisateur, elle apparaît concrètement à travers des extraits de films de l’époque à l’image du désormais mythique « La Reprise du travail aux usines Wonder » lequel film sera à l’origine du documentaire-enquête réalisé par Hervé Le Roux et intitulé Reprise. Mais on y voit également des extraits et des citations de La Chinoise de Jean-Luc Godard et de La Maman et la Putain de Jean Eustache. Les voix et les visages de Jean-Pierre Léaud, Anne Wiazemsky, Glauber Rocha ou bien encore Francis Jeanson viennent à l’appui des recherches menées par Anne Buridan pour tenter de retrouver l’esprit de 68. Mais joués par les acteurs Ariane Ascaride, Jean-Pierre Kalfon, Gérard Meylan et le chanteur et compositeur Jacno, les anciens révolutionnaires d’hier font pâle figure, qu’ils parlent depuis leur piscine du Luberon ou sur un court de tennis.
De Paris à Marseille où ses pas l’ont conduite, l’héroïne du film se voit forcée de dresser un constat désabusé de ces années 60, entre renoncements et trahisons, désillusions et résignation. Anne retrouve alors mais dans sa vie privée uniquement ce qui fut l’un des fondements de mai 68 : le bonheur de vivre ensemble. Partie loin de chez elle et des siens, Mademoiselle Buridan se retrouve finalement à la maison, comme s’il lui avait fallu ce voyage dans le passé pour accepter et apprécier son présent.