CLINT EASTWOOD : L'HÉRITAGE CINÉMATOGRAPHIQUE

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Alors autant vous dire que si vous étiez parti dans l’idée « tiens, je me ferais bien un petit Eastwood tranquille, oh pourquoi pas ce doc qui m’a l’air hyper sympa », vous vous êtes trompé d’adresse ! « Clint Eastwood : l’héritage cinématographique » de Gary Leva porte remarquablement bien son nom : il s’agit tout bonnement d’une série 9 films retraçant l’hallucinante carrière de l’un des acteurs-réalisateurs les plus emblématiques d’Hollywood... 

On prononce parfois de manière assez galvaudée les mots « légende », « géant » ou « monstre sacré » mais dans son cas, ces qualificatifs sont carrément très en dessous de la réalité. 

Un parcours de cinéma débuté au milieu des années 50, une gueule, une voix, des polémiques, des bides, des triomphes, des Oscars, des hommages, tout cela dessine le portrait d’un homme et d’un artiste comme le 7e art en a peu produit. Bref une vie en Cinémascope qui valait bien qu’on s’y intéressât en détails et en longueur !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver VOYAGE A TRAVERS LE CINEMA FRANCAIS (Bertrand Tavernier et Clint Eastwood ont chacun à leur manière marqué un siècle de 7e art... Qu'ils soient témoin ou acteur, qu'ils parlent des autres ou qu'on parle d'eux, ces deux objets de cinéma sont indispensables...) ou encore ROMAN POLANSKI A FILM MEMOIR (Eastwood, Polanski : deux figures majeures du cinéma. Deux hommes qui ont suscité l'admiration autant que la polémique ou le scandale...).

Par où commencer ? Comment oser, avoir la prétention de résumer la vie de Clint Eastwood en deux minutes ? Ah, c’est sur moi que ça tombe ? Ok, allons-y... Ou plutôt non : comme dans la série documentaire de Gary Leva, essayons de contourner l’obstacle en traitant l’affaire par catégories... Dans l’imagerie populaire, Eastwood est le fer de lance du renouveau du western dans les années 60 grâce au génie visionnaire de Sergio Leone. Engagé après son rôle de cow-boy dans le feuilleton télé « Rawhide », le jeune acteur va accéder au rang de star avec « Pour une poignée de dollars », « Et pour quelques dollars de plus » et « Le bon, la brute et le truand ». D’abord en Europe puis aux Etats Unis, ces films-là changent la donne : le regard d’Eastwood, sa dégaine, sa démarche l’imposent sur grand écran... Il reviendra plus tard au genre western avec des films plus profonds comme « Pale rider » ou « Impitoyable »... 

Il y a aussi évidemment le Clint version polar : son personnage de l’inspecteur Harry, flic sans tabou surnommé « le charognard » lui vaudra des années durant la réputation (pas toujours totalement fausse) de réactionnaire macho ! De 1971 à 1988, cinq films viendront bâtir la légende de Callahan, policier sombre et violent... Certains refuserons de voir qu’Eastwood est tout aussi capable de produire, réaliser ou jouer dans des œuvres beaucoup plus tendres, voire fleur bleue... « Sur la route de Madison » avec Meryl Streep en 1995, « Bird » racontant la vie du jazzman Charlie Parker en 88, « Mystic river » évoquant les abus sexuels sur les enfants en 2003 ou « Million dollar baby » l’année suivante, racontant l’histoire terrible d’une boxeuse devenue tétraplégique (incarnée par Hillary Swank) sont autant d’exemples d’une délicatesse (pour certains) étonnante... 

L’âge venant, Clint Eastwood s’est livrée à une sorte d’introspection sur la thématique de l’héroïsme et des regrets : « Mémoire de nos pères », « Sully », « Américain sniper », « Gran Torino », « La mule » ou « Cry macho » ses films des années 2000-2020 en sont le touchant reflet...