BREAKING

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Pour son premier long métrage, la réalisatrice Abi Damaris Corbin raconte l’histoire vraie d’un ancien combattant que la bureaucratie oblige à prendre des mesures extrêmes. Le sujet la touche puisque son propre père est un vétéran du Vietnam qui a dû lutter pour faire valoir ses droits.

Le 7 juillet 2017, Brian Brown-Easley, un ancien combattant atteint de stress post-traumatique, entre dans une agence de la Wells Fargo à Atlanta et glisse un papier à la caissière indiquant qu’ « il a une bombe ». En réalité, il cherche à attirer l’attention sur son cas : l’administration lui a refusé le versement de sa pension de 892 dollars à cause d’une erreur administrative. Sans cette aide, il est à la rue. Sachant ce qu’il risque, il veut parler à la presse, à la police et aussi à un négociateur.

 Bien que BREAKING soit construit pour générer du suspens, la tension vient surtout de la situation humaine révélée par le cas de Brian. Celui-ci est magistralement interprété par John Boyega, entouré de comédiens également excellents, qui ont valu au film un Prix Spécial du Jury à Sundance en 2022.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UNE APRÈS MIDI DE CHIEN (Même situation de braquage de banque pour un motif inhabituel, même approche d'un fait divers réel.) ou encore LE NÉGOCIATEUR (Pour l'importance accordée aux négociateurs dans les affaires de prises d'otages.).

C’est en lisant un article sur l’histoire de cet ancien combattant braqueur de banque que la réalisatrice Abi Damaris Corbin s’est passionnée pour le sujet. Son propre père a combattu au Vietnam, et sous l’effet de l’agent orange, cet ancien athlète est devenu un infirme en fauteuil roulant. Il a connu les files d’attente montrées dans le film pour toucher sa pension et faire valoir ses droits. Cette implication personnelle exigeait de la réalisatrice qu’elle fasse la part des choses, mais elle garantissait aussi sa sincérité.  Avec son coscénariste Kwame Kwei-Armah, elle s’est documentée en profondeur. En plus d’avoir accès à la somme d’informations considérable rassemblée par l’auteur de l’article, elle a parlé avec le négociateur (joué par Michael K. Williams dans son dernier rôle), ainsi qu’à la famille, et a pu se faire une idée d’ensemble avant de commencer l’écriture.

Le tournage en plein épidémie de covid a rendu les choses plus difficiles. Il fallait faire des tests multiples chaque jour et porter des masques par une chaleur accablante. La réalisatrice a essayé de transformer ces contraintes à son avantage, d’abord en utilisant tout ce qui affectait l’équipe et les acteurs émotionnellement, notamment la distance entre les personnages. En créant autant d’espace que possible entre eux, l’environnement presque théatral renforçait les moments où ils se rapprochaient. Avec une équipe réduite au minimum, les acteurs pouvaient mieux ressentir les tensions bouillonner à l’intérieur de la banque.

D’autre part, la réalisatrice tenait à ce que pour chaque conversation téléphonique, l’interprète qui jouait le correspondant de Brian soit à l’autre bout du fil. Ce qui impliquait des décisions budgétaires et logistiques, mais indispensables pour obtenir de bonnes performances. Beaucoup d’anciens combattants ou leur famille ont manifesté leur gratitude auprès de la production pour avoir raconté leur histoire et aidé à les comprendre. Quant à la veuve de Brian, elle était très contente que le film ait contribué à ce qu’elle et sa fille ne soient plus les seules à se souvenir de Brian.

Un film très émouvant, basé sur une histoire vraie. John Boyega est attendrissant dans le rôle de ce vétéran trahi par le système. Et le film est très bien construit pour nous expliquer en quelques scènes fortes pourquoi il en arrive à échafauder un plan si radical pour ...