BONHOMME

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« On peut oublier qui on est mais pas qui on aime », déclare Marilyn, la petite amie de Piotr. Et c’est le meilleur pitch que l’on peut faire de Bonhomme, le huitième long métrage de cinéma de la réalisatrice Marion Vernoux.

Marilyn et Piotr habitent dans la banlieue populaire d’une ville du Nord. Ils forment un jeune couple séduisant et modeste, plein de projets. Lui vend des cuisines chez But, elle est caissière dans un grand magasin de sport. Ils s’adorent, ce qui ne les empêche pas de se chamailler. Un soir, ils ont un violent accident de voiture.

Marilyn s’en sort indemne. Piotr, lui, est brutalement projeté dans le pare-brise. Le choc frontal est si fort qu’il est plongé dans le coma. Lorsqu’il s’en relève, Piotr n’est plus le même homme. Il a perdu une partie de ses facultés intellectuelles, de sa mémoire mais a gagné une frénésie sexuelle qui peut surgir à tout moment.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'ÉCUME DES JOURS (Parce qu'il s'agit d'une histoire d'amour passionnée et singulière entre deux êtres, dont l'un est malade) ou encore HAPPINESS THERAPY (Une histoire d'amour singulière qui se construit sur un drôle de couple : un homme diminué par l'échec et une jeune femme tourmentée qui le révèlera par la danse.).

Cinéaste de la vie quotidienne et des complexités amoureuses, Marion Vernoux est une réalisatrice singulière, à la carrière prolixe – avant Bonhomme elle avait huit longs métrages, deux téléfilms à son actif – mais discrète. Elle pourrait pourtant revendiquer une liste enviée de collaborations en tant que scénariste pour Tonie Marshall, notamment et sur son plus grand succès, Vénus Beauté (Institut) ou pour Bernard Schmitt sur Pacific Palisades, le film qui lui a ouvert la voie. Elle a surtout dirigé la plupart des grands acteurs français : Virginie Efira et Géraldine Nakache dans Et ta sœur, Fanny Ardant et Laurent Lafitte dans Les beaux jours, Emmanuelle Béart et Edouard Baer dans A boire ou encore Karin Viard, Hélène Fillières, Sergi Lopez et Jane Birkin dans Reines d’un jour. Et ce ne sont que ses films les plus récents.

C’est encore un duo d’acteurs qu’elle choisit de diriger avec un tact infini dans Bonhomme. Cette fois, Nicolas Duvauchelle joue le rôle titre. Il fait face à Ana Girardot, qui a remplacé au pied levé Sarah Forestier alors que le tournage du film avait déjà commencé. Pour le meilleur, d’ailleurs car la jeune Ana donne une grâce infinie à cette jeune caissière très amoureuse. Quant à Nicolas Duvauchelle, il est tout simplement extraordinaire dans le rôle de ce traumatisé du front, qui passe sans retenue d’un état où il n’a ni mémoire ni repère à celui où il perd toute inhibition et révèle une libido débridée et incontrôlable.

Le talent de Marion Vernoux est aussi d’avoir réussi à trouver le ton juste pour décrire, sans pathos, une pathologie avérée, celle des cérébro-lésées sur laquelle elle s’est longuement documentée. Le film n’est ni larmoyant, ni une comédie à charge du personnage dysfonctionnel. Au contraire. On se lie de passion et parfois de compassion pour ce jeune couple qui tente tant bien que mal de continuer à s’aimer alors même que la donne a changé. Marilyn reste droite, convaincue que son amour le sauvera, malgré tous les obstacles et les difficultés. Il disjoncte mais finit par retrouver son phare dans la nuit, la seule qui pourra l’aider à survivre. C’est simple, modeste mais tellement bien fait et si parfaitement joué que Bonhomme s’affirme comme un des petits bijoux du cinéma français de l’année 2018.

Sous ses airs légèrement vulgaires (il y est très souvent sujet de parties de jambes en l'air), ce film est une petite pépite de tendresse. Le film est porté par 2 acteurs fantastiques : Nicolas Duvauchelle émouvant et époustouflant en accidenté de la route forcé malgré ...

Sans mauvais jeu de mot, le film est frontal dans ce qu'il dit des relations amoureuses et du dévouement qu'il peut y avoir dans un couple. Tout est purement exprimé sans aucune pincette prise. Ça fait du bien de voir cette franchise à l'écran, de voir autant de sincérité ...

Bonhomme est hors-norme parce qu’il fait entrer la lumière dans l’intimité d’un sujet jusqu’alors maintenu dans l’obscurité. En refusant de tomber dans le pathétique ou dans la compassion, notre couple principal illustre la fidélité conjugale à l’épreuve du ...