BIZARRE

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Maurice, un jeune Français, en fin d’adolescence, erre dans les rues de New York à la recherche d’endroits où dormir. Il vit de petits boulots et n’a pas de quoi payer un toit. D’où vient précisément Maurice ? on ne le saura pas.  A-t-il fugué ? On ne le saura pas plus.

Maurice ne dit pas grand chose sur lui. D’ailleurs dès les premières minutes, il nous confie : « Je ne vais pas parler beaucoup ». Au fil de ses déambulations dans la Grosse Pomme, la chance lui sourit : un couple de jeunes femmes qui tiennent un bar de nuit, le Bizarre, lui propose de l’héberger en échange de quelques heures de ménage, de petits travaux. Au Bizarre, Maurice va découvrir un monde bien particulier.

Quatrième long métrage d'Etienne Faure, Bizarre brosse un portrait de ce personnage secret et réservé de Maurice, à travers ses rencontres, ses amitiés… C’est tout autant une plongée dans ce lieu nocturne, où se donnent des strip-teases burlesques et des spectacles étonnants où se libèrent tous les fantasmes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver STUDIO 54 (Avec pour toile de fond une célèbre boÎte de nuit new-yorkaise, la découverte du monde de la nuit par un jeune homme qui devient barman) ou encore TOURNÉE (Un autre film sur l'univers du burlesque).

« Tout est construit, voulu, réfléchi  dans Bizarre », déclare Etienne Faure. Le réalisateur explique qu’il a voulu, avec ce récit, « superposer deux temps éphémères et fragiles ». D’une part, celui d’un lieu où se donnent des spectacles transgressifs et de l’autre « la jeunesse d’un garçon obscur objet des désirs » en passe de quitter l’adolescence. « Le provisoire m’intéresse, confie Faure. A vingt ans on est l’objet de toutes les tentations. Pour soi. Pour les autres. On ne se détourne jamais des gens de vingt ans. Même si on sait que tout ça n’est qu’illusions ». Quant aux spectacles du Bizarre qui rythment l’histoire, ils portent tous un thème qui résonne avec l’itinéraire de  Maurice : la violence, l’acceptation de la différence…

Etienne Faure, qui a produit, réalisé et monté Bizarre, se qualifie de  « modeste artisan ». Il revendique une démarche « sur mesure » avec son équipe et se félicite de ne pas avoir à subir la pression ou les diktats de financiers ou de décideurs autoritaires. Outre plusieurs courts métrages de fiction et un documentaire consacré à Rimbaud et un autre au jeune interprète de Mort à Venise de Visconti, il a signé plusieurs longs métrages dont Désordres avec Sonia Rolland. Quitte à  travailler avec des budgets modeste, le cinéaste préfère garder son indépendance et pouvoir choisir en toute liberté les interprètes qu’il souhaite faire tourner.

Le Bizarre est un club qui existe bel et bien à Brooklyn. Au départ, Etienne Faure pensait même réaliser un documentaire sur ce lieu qu’il trouve fascinant. Au cœur du quartier de  Bushwick, ce bar établi dans un bâtiment du début du XXe siècle est devenu une adresse branchée en 2013 à l’initiative de deux Français, tous deux issus du monde du cinéma. Réalisateur de Johnny Mad Dog, Jean-Stéphane Sauvaire a eu un coup de foudre pour cette vieille demeure lors de repérages pour un film qu’il n’a finalement pas tourné mais il a proposé à Grégory Baubeau, installé à New York, d’y ouvrir un bar. Tirant son nom d’une ancienne adresse à Greenwich Village, le Bizarre entend entretenir l’esprit de la Beat Generation, de Warhol, du New York underground.

Après avoir regardé BIZARRE, on pense à plusieurs influences : Ozon, Araki, Gus Van Sant ainsi qu'à des éléments de Mort à Venise et de Shortbus, mais dans un style épuré et sensuel. Ce n'est pas un conte initiatique -le film n'a pas cette prétention- mais le récit éphémère ...