ATTILA MARCEL

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Avec Les Triplettes de Belleville puis L’Illusioniste qui lui a valu un César, Sylvain Chomet s’est imposé comme un des plus brillants réalisateurs de films d’animation français. Le scénario d’Attila Marcel, son premier long métrage en vues réelles, a d’ailleurs pour point de départ une chanson de la bande originale des Triplettes de Belleville.

Guillaume Gouix, vu dans Belle Epine et nominé au César du meilleur espoir masculin pour Jimmy Rivière, se glisse ici dans le costume de Paul, un trentenaire à l’existence bien tristouille. Elevé par ses tantes, jouées par Bernadette Lafont et Hélène Vincent, il accompagne au piano leur cours de danse de salon. Sa rencontre avec Madame Proust alias Anne Le Ny sera décisive : cette voisine excentrique qui cultive des plantes hallucinogènes et joue du ukulélé va faire ressurgir en lui des souvenirs très profondément enfouis.

Au fait, pourquoi n’avoir pas réalisé ce film en animation ? Sylvain Chomet explique  : « Le jeu d'acteur y est important et le regard de Guillaume Gouix aurait été absolument infaisable. Ça m'aurait pris cent cinquante ans, à peu près. »

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES TRIPLETTES DE BELLEVILLE (Le scénario d'ATTILA MARCEL découle d'une chanson que l'on entend dans la B.O des TRIPLETTES DE BELLEVILLE) ou encore PARIS, JE T'AIME (Un des sketches de ce film de 2006 est réalisé par Sylvain Chomet. Il s'agit de sa première oeuvre en vues réelles.).

On retrouve dans Attila Marcel bien des éléments familiers de l’univers de Sylvain Chomet, les personnages de veilles femmes (présentes dès son court métrage La Vieille dame et les Pigeons), les traces du passé, l’importance de la musique… Le cinéaste tenait pourtant à se démarquer de ses œuvres d’animation. « Je ne voulais surtout pas qu’Attila Marcel donne le sentiment d’être un film dessiné. Il s’agissait au contraire de me détacher du côté graphique de mes précédents longs métrages. Quel que soit le côté farfelu des décors et des situations, tout devait paraître plausible. »  Mais on échappe difficilement à son style et il reconnaît que Attila Marcel reste effectivement assez proche des Triplettes de Belleville. »

Comme Champion dans Les Triplettes de Belleville, Paul est un personnage mutique, avec  un côté un peu autiste.  C’est par le regard de Guillaume Gouix que le cinéaste a choisi de tout faire passer, jusqu’à donner l'impression qu'il parle. Chomet se félicite du choix du comédien qu’il a imposé contre l’avis général qui, au départ, le trouvait trop voyou pour figurer un petit-fils d’aristocrate. « C'était un casting difficile, car il devait jouer ce petit mec un peu étriqué avec la raie au milieu, mais aussi le rôle de son père, Attila Marcel, le fort des Halles. Et quand on le voit en Attila, il a les muscles là où il faut. »Quant aux tantes incarnées par Hélène Vincent et Bernadette Lafont, comme elles avaient toutes deux rêvé dans leur jeunesse de devenir danseuses, elles étaient ravies de ces rôles de Dupont et Dupond en jupons. Et dans la scène sur la plage, les grands chapeaux colorés qu’elles portent toutes deux sont bien sûr un petit clin d'oeil aux Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy.

Attila Marcel est le dernier film de Bernadette Lafont. La comédienne est décédée avant la sortie en salles, mais elle avait pu assister à la première projection pour l’équipe. Sylvain Chomet rapporte que comme elle avait beaucoup aimé le film en l’état, il n’a pas voulu changer quoi que ce soit. Il ajoute : « Cela ne lui aurait pas plu »