ASHKAL, L'ENQUÊTE DE TUNIS

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Deux immolations en une semaine, deux cadavres calcinés découverts dans le chantier d’un quartier résidentiel laissé à l’abandon depuis des années. Inexplicablement, aucune trace de combustible n’apparaît sur les corps. L’enquête s’annonce difficile pour Fatma et Batal, deux policiers de Tunis… 

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2022, Ashkal, l’enquête de Tunis est le premier long métrage de fiction du jeune réalisateur tunisien Youssef Chebbi. C’est la fascination du metteur en scène pour un lieu étonnant, le quartier des Jardins de Carthage, au nord de Tunis, qui lui a donné l’envie de faire ce polar. 

Lors de ses repérages dans ce gigantesque chantier de construction, en partie à l’abandon, il a même eu envie de tourner avec des gens qui y vivent. Si bien que peu de comédiens confirmés figurent au générique. Mohamed Grayaâ, l’interprète de Batal, compte parmi les rares acteurs professionnels. Quant au rôle de l’inspectrice, il est tenu par Fatma Oussaifi, danseuse de formation, qui fait ici ses débuts à l’écran. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CAIRE CONFIDENTIEL (Un polar qui explore l'Egypte d'aujourd'hui) ou encore LA BELLE ET LA MEUTE (Un thriller situé dans la Tunisie contemporaine).

L’ambiance étrange qui règne aux Jardins de Carthage a donné à Youssef Chebbi l’impression de se trouver dans un « un studio de cinéma à ciel ouvert ». Avec ses nombreux bâtiments inachevés, cette zone résidentielle est chargée de toute une histoire. « Les Jardins de Carthage ont été voulus par l’ancien régime de Ben Ali, rappelle le réalisateur. L’emplacement n’est pas indifférent : à deux pas du palais résidentiel, sur des ruines de l’ancienne cité carthaginoise, là où, pour cause de possibles fouilles, il est normalement interdit de construire. » Lancés en 2003, les travaux ont été interrompus sur décision de justice en 2011 à la chute de Ben Ali, car de multiples malversations avaient été identifiées. 

Étonnamment, le motif du feu, majeur dans Ashkal, ne s’est pas imposé au début de l’écriture. « Même si Carthage a été détruite par le feu et que la révolution tunisienne est scandée d’immolations, ce motif du brasier est venu tard pour moi. Je cherchais une énergie qui contraste avec la rectitude et le gris des immeubles. » Mais ce feu qui tire le film vers le fantastique renvoie bien malgré tout vers les cendres d’un passé que certains refusent de remuer. La commission « Vérité et Réhabilitation » du scénario s’inspire de l’instance «Vérité et Dignité », bien réelle, créée en 2013. Pendant six ans, elle a recueilli des témoignages sur les assassinats politiques, la torture en prison et les exactions de la police commises sous Ben Ali. « Tout a été filmé, précise le réalisateur, et les images rendues disponibles, notamment sur le site de l’instance et sur YouTube. Peine perdue : la police et le Ministère de l’Intérieur n’ont pas donné suite. Aucun procès n’a eu lieu. »  

Youssef Chebbi a également accordé une attention toute particulière à la B.O de son film. Lui-même musicien (il est d’ailleurs l’un des producteurs du label Bookmaker Records), le réalisateur a demandé à Thomas Kuratli une musique totalement acoustique. Le compositeur a puisé dans des enregistrements de sons recueillis sur le site, comme celui de l’air dans les cages d’ascenseur. Des instruments ont été fabriqués sur place en utilisant des plaques de métal et des tuyaux. L’idée était de traduire l’écho assourdi des chantiers tel qu’on le perçoit du centre-ville et de produire un effet inquiétant et oppressant. 

Ambiance froide, froide comme un été qui a passé son tour dans le bal des saisons. Une ambiance froide comme un acte manqué, un été qui ne passera plus, peut-être plus jamais. Restent debout, des tours de béton à tomber fou dressées dans les jardins de Carthage. C’est ...

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Là-bas comme ici, la plupart des politiques, en tout cas ceux qui font de la politique leur activité professionnelle, à défaut d'en faire leur profession de foi et de porter les espoirs de leurs concitoyens, fonctionnent selon un logiciel souvent obsolète et parfois même ...