ASCENSEUR POUR L'ÉCHAFAUD (VERSION RESTAURÉE)

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Le crime même lorsqu’il est parfait provoque un accroc dans l’espace-temps. Alors tout se détricote. C’est un peu la thèse quantique du film mythologique de Louis Malle Ascenseur pour l’échafaud sorti en 1958.

Tout y est beau, les amants maudits Maurice Ronet et Jeanne Moreau, le noir et blanc de Henri Decae, et la ville, la nuit, comme dirait Richard Bohringer. Quant à la musique improvisée sur les images par Miles Davis, c’est quasiment un miracle tout en était quasiment une première dans le cinéma français.

Et même le jeune Lino Ventura en commissaire grognon est beau, c’est dire.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CRIME ÉTAIT PRESQUE PARFAIT (Parce que le crime parfait est un rêve pour bien des personnages de cinéma, dont ceux d'Ascenseur pour l’échafaud. Pas de chance...) ou encore L'ASCENSEUR (Parce que ce film d'horreur hollandais se déroule intégralement dans un ascenseur, comme pour prolonger le film de Louis Malle.).

Ascenseur pour l’échafaud est un film à multiple détentes. Les amateurs de romans noirs l’aiment grâce au polar originel signé Noël Calef, les amateurs de littérature parce que Roger Nimier le hussard a écrit une partie du scénario ainsi que ses dialogues, les amateurs de Jazz parce que Miles Davis en a composé la musique, les amateurs de cinéma parce que Jeanne Moreau y est belle et fatale. Enfin c’est le premier long métrage de fiction d’un cinéaste à part qui n’a que 25 ans. D’ailleurs il a toutes les audaces: il filme la star Moreau sans maquillage, en lumière naturelle au grand scandale des techniciens. Il utilise dans sa direction les méthodes un peu froides de Bresson dont il fut l’assistant.

Mais c’est la musique qui va donner au film tout son charme et sa modernité. Jean-Paul Rappeneau le futur cinéaste de Cyrano de bergerac assistant sur cette production, apprenant que Mile Davis vient faire une tournée en France, suggère de le rencontrer. Malle lui aussi fou de jazz, fonce à l’aéroport et, comme un groupie halluciné vend son projet au trompettiste. L’américain fasciné par le cinéma accepte de visionner le film déjà monté. Il n’a que très peu de temps, tout le monde veut sortir Ascenseur pour l’échafaud pour qu’il concoure au Delluc. On livre un piano dans la chambre d’hôtel et Miles travaille quelques thèmes.

La nuit 4 au 5 décembre 1957, à la tête d’un quintet  de musicien français, au studio du poste parisien sur les champs Elysées, le grand musicien improvise pendant la projection des images. C’est un miracle: Trois heures d’enregistrement, cinquante minutes de musique dont 18 seront utilisées pour le film. Jeanne Moreau est là, le jeune cinéaste aussi, on boit beaucoup de champagne. Une vraie bande de zazous. Ils ne le savent pas encore mais ils auront le prix louis Delluc pour un des films français les plus swings de l’histoire du cinéma. Et qui rédigera les notules sur la pochette du disque ? Boris Vian. Nous aussi on imprime la légende.

J’avoue avoir regardé ce film, après moult hésitations, principalement pour la bande originale signée Miles Davis, que j’avais écoutée un nombre infini de fois et que je voulais voir collée sur une pellicule. Je voue un culte absolu à Miles Davis qui me fait chavirer ...

Le début du film est tout simplement époustouflant. Un dialogue d'amoureux au téléphone, une première image en gros plan sur Jeanne Moreau (première image à laquelle répondra la dernière du film, mais ça on ne le sait pas encore) et un incroyable travelling arrière qui ...

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