ARMAGEDDON TIME

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Quartier du Queens, dans les années 80. Paul, gamin de la classe moyenne, a un meilleur copain Johnny, avec qui il fait les 400 coups. Le jour où ils sont tous les deux surpris à l’école en train de fumer, les parents de Paul sévissent… Et décident de l’envoyer dans le privé, une école huppée où toute la jeunesse dorée de New York étudie. 

C’est la fin de l’insouciance pour le jeune garçon, qui se voit séparé, en plus, de son ami. Il découvre ainsi une Amérique divisée par les conflits de classe et les injustices raciales. James Gray, l’un des plus grands auteurs américains contemporains, réalise un formidable récit d’apprentissage largement inspiré de sa propre jeunesse. 

Il confie le rôle de son avatar à un acteur en herbe bluffant, Banks Repeta, ceux de ses parents à Anne Hathaway et Jeremy Strong. Cerise sur le gâteau, son grand-père, homme de tendresse et de sagesse, est joué par l’époustouflant Anthony Hopkins. Attention, chef-d’œuvre.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BELFAST (À quelques mois d'intervalle, trois grands cinéastes se sont penché sur leur enfance : James Gray avec ARMAGEDDON TIMES, Steven Spielberg avec THE FABELMANS et Kenneth Branagh avec BELFAST.) ou encore SANS FILTRE (L'année où ARMAGEDDON TIMES fut présenté à Cannes, en compétition, c'est SANS FILTRE de Ruben Ostlund qui remportait la Palme d'or.).

La lumière, incroyable, du film est signée du chef opérateur français Darius Khondji, qui avait déjà assuré la direction de la photographie de The Immigrant et Lost City of Z, deux autres films d’époque. James Gray dit avoir été inspiré par « Nuit à Saint-Cloud », un tableau d’Edvard Munch, pour déterminer l’aspect visuel d’Armageddon Time. C’est justement l’un des peintres préférés de Khondji. Mais en matière de référence, les deux ont davantage parlé des lumières des films de Coppola, Le Parrain en tête, et de Rembrandt : « James voulait des personnages presqu’effacés dans le noir, comme si l’image était en train de s’évaporer » se souvient le chef opérateur.  

Pour James Gray, Armageddon Time a guéri un mal être professionnel provoqué par des conflits artistiques sur son film précédent Ad Astra. Ce film de science-fiction, interprété par Brad Pitt, a été selon lui « une expérience difficile » car « le montage final n’est pas [son] montage ». Une vraie crise existentielle s’est ensuite emparée du metteur en scène, qui ne savait plus s’il voulait continuer à faire des films. Sur Armageddon Time, film personnel au point d’entre quasiment autobiographique, « [il avait] le contrôle ». « C’est comme ça que j’ai réussi à me connecter à nouveau à ce qui m’émeut dans le cinéma », explique-t-il. Pour information, Armageddon Time coûte une quinzaine de millions de dollars quand le budget d’Ad Astra s’élevait à plus de 85 millions de dollars. 

Armageddon Time, présenté au Festival de Cannes en mai 2022, est reparti bredouille, sans un prix octroyé par le jury, alors que la presse en avait fait l’un de ses favoris. D’un point de vue critique, le film est clairement un succès. Mais commercialement, les résultats n’ont pas été là. 1,8 millions de dollars de recettes aux États-Unis, 4,1 millions à l’étranger… un résultat qui entérine le désamour entre l’auteur et son propre pays mais surtout l’affection de l’Europe pour ce grand auteur américain. La France particulièrement. Avec près de 400000 entrées – pas si mal dans un contexte morose de fréquentation –, le film voit la majorité de ses recettes étrangères venir du territoire français.

Je ne savais pas de quoi parlait Armageddon Time avant de le voir, je dirais même que je ne voulais rien savoir sur le film avant de m'y aventurer. C'est simple, moi je vois le nom de James Gray sur l'affiche, je fonce sans y réfléchir. La séquence d’ouverture qui nous plonge ...

La forme mise au service du fond, d’un tréfonds caché : le générique d’Armageddon Time nous renvoie vers la surface lisse d’une image idyllique, celle de l’Amérique d’hier que sacralise la mélodie mélancolique de Christopher Spelman, avant de nous révéler la ...

La grande force du cinéma de James Gray s’est toujours trouvée dans l’intime : ses personnages, en prise avec le destin, les choix ou leurs quêtes, tentent de panser les plaies de l’existence, et de tenir une ligne de conduite face au code qu’impose leur milieu. Jusqu’alors, ...