A CAUSE DES FILLES ... ?

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Pascal Thomas a 74 ans et une vingtaine de longs métrages à son actif lorsque A cause des filles...? sort sur les écrans en janvier 2019, quarante-six ans après le premier d’entre eux : les Zozos. Généralement qualifié de « film à sketches », A cause des filles..? est plus sûrement, selon son auteur, « un film à tiroirs ».

La messe de mariage achevée, Christophe, le marié, abandonne Céleste, la mariée, pour rejoindre une jeune femme qui l’attend dans une décapotable ! « C’est encore une de ses blagues, ne vous inquiétez pas, on va le retrouver au restaurant », lance l’abandonnée, avant que chacun, pour la consoler, aille de son histoire d’amour plus ou moins contrariée.  

Celle d’un chauffeur de taxi poète et serviable (José Garcia) ; d’un peintre dépressif (François Morel) et de son modèle (Rossy de Palma) ; d’une baudelairienne passionnée (Barbara Schulz) découvrant les tatouages de son futur amant (Arthur Teboul) ; de la prof de français (Marie-Josée Croze) et de son élève (Maxence Perrin) ou encore, celle d’un scénariste (Louis-Do de Lencquesaing) retrouvé ligoté avec la femme de son mécène (Audrey Fleurot). Passent également devant la caméra de Pascal Thomas : Pierre Richard, Bernard Menez, Alexandra Stewart et quelques autres, dont Frédéric Beigbeder, le mari en fuite.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MARIAGES (2004) (Autopsie de trois couples, le jour du mariage de l’un d’eux.) ou encore CELLES QU’ON N’A PAS EUES (1981) (38 ans avant A cause des filles...?, Pascal Thomas faisait déjà raconter à des hommes, enfermés dans un compartiment de train, leurs échecs amoureux.).

La presse fut, en général, sensible à ce 19e opus thomasien, exception faite du magazine Première affirmant que ce nouveau Pascal Thomas « oscille entre le ridicule et le ringard. » Et, si le Monde le trouve « désespérément désuet », l’Obs parle d’une « plaisante désuétude ». Quoi qu’il en soit, le Figaro estime qu’il s’agit d’« une comédie cruelle et tonique » et la Croix d’« un film choral réjouissant ». Quant à Libération, il mentionne « un casting fringant » et rappelle « la libre gratuité de ce cinéma [qui] en fait le charme insigne », pendant que Télérama invoque « cet esprit vif, léger et libre qu’on aime chez Pascal Thomas. »

Justement, pour expliquer le ton de son film, qu’il qualifie lui-même de « film nombreux » plutôt que de « film choral », Pascal Thomas évoque « la drôlerie et le cocasse ». Revenant sur l’ensemble de sa carrière, il précise que tous ses films ont en commun une même vision de la société qui, « si elle n’est pas idéale, laisse un espoir ». Depuis le début de sa carrière, ce cinéaste a toujours cherché à mettre en évidence les travers de ses semblables, « mais de manière plaisante », assure-t-il, tout en ajoutant : « L’humour est la seule défense contre un univers, un monde, une société, des règles et des lois qui nous étouffent. » De plus, il se dit fatigué par ces réalisateurs « aux yeux tristes et aux regards lourds. [...] Je trouve préférable, conclut-il, de se préoccuper des beautés effarantes de la vie, de sa drôlerie aussi. »

Peu partisan des scénarios précis et définitifs – « Je ne crois pas au scénario tiré au cordeau » avoue-t-il –, Pascal Thomas conçut son film en l’esquissant, plus qu’en le construisant. Ainsi, les personnages incarnés par José Garcia, Rossy de Palma ou encore Alexandra Stewart, la mère de la mariée, n’existaient pas, ou pas comme ça, dans le scénario original. Pour le réalisateur, c’est le seul moyen de faire entrer la vie dans les films. « Il ne s’agit pas d’improviser, expliqua-t-il dans une longue interview paru dans la revue Positif, il n’y a aucune improvisation. Mais les choses sont écrites au dernier moment, pour ne pas les figer. » Et de citer un collègue à lui, un certain Jean Renoir, qui disait toujours : « Il faut épouser le mouvement de la vie comme le bouchon sur la rivière. »

Amusant ce film. En fait c'est un film à sketches, mais le fil conducteur est bien pensé et les récits découlent naturellement de cette situation fâcheuse (alors que souvent, ce prétexte à raconter des histoires est bien faible et la chute convenue). On se marre globalement ...