A BEAUTIFUL DAY

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Décrit comme le Taxi Driver du XXIe siècle, A Beautiful Day est le 4e film de la réalisatrice Lynne Ramsay. Le film, présenté en compétition au 70e Festival de Cannes a permis à Joaquin Phoenix de remporter le prix d’interprétation tandis que la cinéaste a obtenu celui du meilleur scénario.

Adapté du recueil de nouvelles de Jonathan Ames, le film suit Joe, un ancien marine devenu tueur à gages, engagé pour retrouver Nina, la petite fille d'un sénateur, enlevée et retenue par un réseau de prostitution. Mais il va très vite se retrouver malgré lui dans une spirale de violence.

Le casting est mené par Joaquin Phoenix, car seule véritable star de l’ensemble, on y retrouve aussi Alessandro Nivola, que l’on avait pu croiser notamment dans Jurassic Park 3 mais aussi American Bluff et Coco avant Chanel et John Doman, vu dans Une journée en enfer, Cop Land, Mystic River et la série Borgia.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TAXI DRIVER DE MARTIN SCORSESE (Les films partagent de nombreux points communs au niveau des personnages centraux et du style) ou encore OLD BOY DE PARK CHAN WOOK (Les deux personnages principaux manient très bien le marteau et sont confrontés à une descente en enfer).

Décrit par le Times comme le Taxi Driver du XXIème siècle, A Beautiful Day comporte en effet plusieurs similitudes avec le film plus que célébré de Martin Scorsese. Tout d'abord, à l'instar de Travis Bickle, Joe est un vétéran de guerre torturé, devenu un tueur à gages implacable et brutal. Marginal et solitaire, il vit avec sa mère qui ne sait rien de ses agissement. Comme Travis qui sauve la prostituée Iris, incarnée à l’époque par Jodie Foster, Joe va sauver une adolescente d'un sort funeste, celui de devenir le jouet sexuel d'hommes puissants dans un vaste réseau pédophile impliquant notamment des politiciens. La violence sèche du film n’est également pas étrangère à celle du long métrage de Scorsese. À noter que la propension de l'antihéros à jouer du marteau fait aussi écho à Old Boy de Park Chan Wook.

Comme ces deux films, A Beautiful Day joue en permanence sur une ligne un peu trouble avec ce personnage de Joe. En effet, si ces actions sont pleines de rédemption et s’avère menées avec la plus majestueuse des bonnes intentions, il n’empêche qu’il reste un criminel qui abat des gens, notamment à coups de marteau. Et même si ces gens sont des pédophiles, le personnage n’en reste pas moins un psychopathe. Mais le film n’hésite pas à tenter une sorte d’examen de la virilité blessée des hommes. Que ce soit par les flashbacks de la violence dont a pu être témoin Joe et qui l’obligent à se boucher les oreilles et à se réfugier comme un enfant ou les quelques plans montrant la peur ou la douceur sous le vernis atroce des politiques criminels, le film ose un radiographie intéressante.

De manière plus globale, A Beautiful Day continue de marquer la filmographie assez violente de la réalisatrice. Déjà dans son premier film, Ratcatcher, Lynne Ramsay filmait l’histoire d’un jeune garçon coupable, par son silence, de la mort de son ami tout en tirant le portrait d’un Glasgow dur et injuste pour les plus démunis. Dans Le voyage de Morvern Callar, une jeune femme use du suicide de son petit ami à son avantage. Enfin, presque 10 ans après, elle a sorti We need to talk about Kevin, sur la relation entre une mère très dure et un fils psychopathe. A Beautiful Day  montre une nouvelle facette de l’horreur humaine qu’elle semble chercher à étudier.

Joe aime les marteaux. Les marteaux noirs en acier, avec écrit dessus "Made in Usa" en petites lettres blanches. Dans sa main, les marteaux paraissent petits. Les marteaux sont gros, aussi gros qu’un marteau peut l’être, mais sa main est plus grande encore. Tout parait petit ...

C'est un fantôme qui erre dans les rues, dans la nuit de Cincinatti. Sa démarche est lourde, sa silhouette épaisse. Il est hirsute, le regard parfois vide. Agité de traumas, comme l'image qui se tétanise le temps d'un flash au montage chirurgical, qui hésite entre le souvenir ...

Il existe ces films qui vous happent physiquement, qui détiennent au fil des minutes une emprise machiavélique sur votre regard par rapport à l’image. A Beautiful Day fait partie de cette catégorie-là. L’œuvre de Lynne Ramsay est pourtant très codifié dans sa démarche, ...