SABOTAGE

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La traduction française du titre original du film How to blow up a pipeline, évacue toutes références au livre qui a inspiré le réalisateur. Pourtant, l’essai Comment saboter un pipeline, du chercheur et théoricien suédois Andreas Malm, qui prend position en faveur de l’action écologiste, connait un succès international depuis sa publication en 2020.  

Le réalisateur Daniel Goldhaber a souhaité en faire une fiction plutôt qu’un documentaire pour parler directement au public, dans le langage du cinéma commercial américain. L’idée était de transmettre les idées de l’essai à un maximum de spectateurs, en adoptant le langage mainstream de l’action et du polar. Sabotage s’inscrit ainsi dans une idéologie typiquement américaine, avec ce groupe de huit personnages qui mènent une action collective, à partir de motivations très individuelles.   

Ce n’est pas la première fois que Daniel Goldhaber s’intéresse à des sujets complexes en utilisant le langage du cinéma de genre : son premier long-métrage, Cam, produit par Blumhouse en 2018 et basé sur l’histoire personnelle de la scénariste (Isa Mazzei), raconte l’histoire d’une cam girl piégée par un maître chanteur, dans un cadre de thriller horrifique.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE BRAQUAGE DU SIÈCLE (parce que le réalisateur de Sabotage revendique s'être inspiré des films de braquage !) ou encore LE SYNDROME DU TITANIC (parce que déjà en 2009, ce film tentait de nous alerter sur les catastrophes écologiques en cours et à venir...).

La fabrication du film est en cohérence avec son propos, en travaillant la question du collectif. Pour Sabotage, tout le monde a été payé la même somme et a eu son mot à dire, et certains des acteurs sont aussi co-scénaristes ou co-producteurs. Par ailleurs, le film a été tourné en 16 mm, pour des raisons esthétiques (référence au cinéma militant des années 60-70 et rendu plus nuancé des paysages) et politique, comme l’explique le réalisateur : « Je suis convaincu que l’on va assister à un retour à l’analogique dans les médias, parce que ce sera le seul moyen d’avoir confiance en eux ». 

Le film de Daniel Goldhaber et le livre d’Andreas Malm ont bénéficié d’une publicité toute particulière en France. En effet, le 21 juin 2023, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin annonçait la dissolution du collectif Les soulèvements de la Terre, en citant, dans son décret (annulé le 8 novembre 2023), l’essai de Malm comme une source d’inspiration majeure pour le mouvement, et l’auteur comme une sorte de gourou.   

Interrogé par l’AFP, Goldberg, qui a collaboré avec Malm pour Sabotage se défend d’inciter à la violence : « Si quelqu’un fait exploser un pipeline, ce ne sera pas à cause du film qu’il aura vu. Mais parce que l’espèce humaine doit se défendre face à la plus grande menace existentielle depuis le début de son histoire, à savoir le changement climatique ». 

Des œuvres comme celle-là on n’en voit pas tous les jours. Et c’est un compliment. « Sabotage – How to blow up a pipeline » est ce type de long-métrage engagé, contestataire, polémique, virulent et pamphlétaire comme il y en avait beaucoup dans les années 70 et 80. ...

« Puisque la loi ne vous punit pas, nous le faisons » : tel est le credo du groupe de militant écologistes décidés à passer à un nouveau niveau d’action dans la lutte pour la préservation de la planète. Sabotage pourrait être une réflexion sur la question de l’engagement ...

Sabotage, du réalisateur Daniel Goldhaber, est un bon film, sa controverse devient intéressante, lorsqu'il dépeint de façon très méthodique, cet ultime cri de désespoir, d'une jeunesse qui n'y croit plus, préférant des mots qui passent à l'action, fatiguée ...