INTOUCHABLES

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Quand un film devient autre chose qu'un simple objet de cinéma, il est de bon ton de s'interroger sur l'origine du phénomène. Les Ch'tis avaient suscité des thèses universitaires en 2008, parions que la même chose arrivera à Intouchables, le film aux 19 millions 1/2 d'entrées, le 2e plus gros succès de toute l'histoire du 7e art français...

A l'origine, il s'agit pourtant d'une histoire simple: la rencontre entre deux personnes que tout semble opposer: Philippe, le millionnaire tétraplégique et Driss, le zonard de banlieue. Mécanisme de comédie maintes fois utilisé par Gérard Oury ou Francis Veber en leur temps, que le duo Olivier Nakache-Eric Toledano a su rajeunir et dynamiser. A l'arrivée, un film qui tombe à pic, parlant de tolérance, d'ouverture à l'autre, d'entraide, le tout au coeur d'une crise économique et morale redoutable. Et puis bien sûr, impossible d'éluder le principal atout de Intouchables: le tandem de comédiens qui portent le récit, François Cluzet et Omar Sy.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver NOS JOURS HEUREUX (On le sait, les contraires s'attirent et donnent de formidables spectacles de cinéma ! Francis Veber était un maître du genre, Eric Toledano et Olivier Nakache suivent ses pas en modernisant le volet social de l'intrigue...) ou encore HASTA LA VISTA (Difficile de parler et de montrer le handicap à l'écran, surtout quand on souhaite faire une comédie ! "Intouchables" comme "Hasta la vista" de Geoffrey Enthoven le font par le biais de la comédie...).

Le César du meilleur acteur attribué en février 2012 à Omar Sy a sonné comme la reconnaissance d’un nouveau talent, éblouissant de fraîcheur, de vie et de naturel. La performance du compère de Fred Testot dans le célèbre S.A.V. de Canal +, explose enfin au grand jour dans Intouchables, mais n’allez pas croire pour autant qu’il s’agit d’une révélation sortie de nulle part ! Omar s’était déjà affiché dans Mic-mac à tire larigot de Jean-Pierre Jeunet, Safari d’Olivier Baroux et bien sûr dans tous les films du tandem Nakache-Toledano:  Tellement proches et Nos jours heureux...

Pour lui donner la réplique, le vétéran Cluzet, dont l’œil frise, vous l’avez-vu, aux facéties de son partenaire. Un rôle difficile pour ce comédien habitué à des personnages parfois extrêmes: ses prestations dans Un dernier pour la route , Ne le dis à personne ou A l’origine  ont marqué le public. Cette fois, il s’agissait d’incarner un homme qui existe vraiment: Philippe Pozzo di Borgo. L’histoire de Intouchables est la sienne, celle d’un aristo cloué dans un fauteuil après une chute en parapente. Dans la vraie vie, ce Philippe là a eu la chance de croiser le chemin d’Abdel, p’tit gars de banlieue que rien ne destinait à devenir ses bras et ses jambes. Leur relation basée sur l’amitié, la curiosité et la générosité a donné naissance à un livre devenu un best-seller: Le second souffle...

Pareil sujet ne pouvait qu’intéresser Eric Toledano et Olivier Nakache, deux réalisateurs qui depuis leurs débuts creusent ce sillon du partage, de l’entraide et cette idée que l’autre peut forcément vous apporter quelque chose... Soucieux d’aller plus loin que le traditionnel film sur les "deux gars qui n’avaient rien pour s’entendre mais qui vont finalement se découvrir", les cinéastes ont peaufiné leur intrigue, y apportant un message léger mais profond sur l’immigration, la place des handicapés et la chance multiculturelle de la société française, où l’on peut aussi bien s’émouvoir d’une œuvre de Puccini en adorant le groove de Earth Wind and Fire !