INHERENT VICE

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Idée du jour : et si on adaptait au cinéma un roman réputé inadaptable ? Oui, un producteur a vraiment reçu sur son bureau ce genre de proposition. Le résultat, c'est le film de Paul Thomas Anderson que vous allez maintenant regarder.

Alors attention, sa spécificité est en quelque sorte écrite dessus : Inherent vice fait partie de ces films qu'il faut du temps pour comprendre et digérer… L'histoire ? Nous sommes à la fin des années 60 en Californie, époque un peu chancelante ou psychédélisme rime avec  avant-gardisme et se répand dans la société bohème de Los Angeles ou San Francisco comme la fumée vaporeuse d'une cigarette qui fait rire !

Joaquin Phoenix, Doc Sportello, un détective privé, (notamment de certaines de ses capacités de jugement !), va être mis sur la piste d'un complot visant un milliardaire. Evidemment, la réalité est beaucoup plus complexe qu'il n'y parait et comme le scénario du film l'est encore plus, ne comptez pas sur moi pour m'aventurer sur la voie d'une explication vaseuse qui ne satisferait personne… 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DETECTIVE PRIVE (Paul Newman comme Joaquin Phoenix est embarqué dans une affaire plus complexe, plus tordue et plus risquée qu'il n'y parait...) ou encore BOOGIE NIGHTS (Paul Thomas Anderson signe ces deux films qui abordent l'avènement de moeurs totalement débridés au coeur de la Californie des années 70...).

Quand je vous disais que le bouquin de Thomas Pynchon n'était pas à la portée du premier lecteur de Marc Lévy venu… Rassurez-vous, si vous n'avez pas tout compris du premier coup, non seulement c'est normal mais c'est même plutôt rassurant ! En effet, c'est sous le coup de certaines substances pas forcément recommandées par le commissariat du coin que l'écrivain a imaginé la trame de son roman.

Paul Thomas Anderson aimant les défis, il s'est plongé dans une adaptation que beaucoup lui prédisaient périlleuse. Alors même si Inherent vice n'a pas connu un grand succès public, reconnaissons volontiers que l'œuvre est ambitieuse et permet à ce cinéaste singulier d'ajouter une nouvelle pièce maîtresse à une filmographie qui n'en manque pas. Boogie nights, Magnolia, There will be blood forment par exemple un triptyque assez remarquable, qui réussit à mêler stars, (Mark Walhberg, Tom Cruise, Daniel Day-Lewis) et patte d'auteur. Perfectionniste, obsessionnel, presque tyrannique sur un plateau, Anderson a rencontré une sorte de double en la personne de Joaquin Phoenix. L'acteur est encore une fois époustouflant dans le rôle du détective privé Doc Sportello. Mais dans The master, il l'était tout autant, aux côtés notamment du regretté Philipp Seymour Hoffman dans un long cauchemar psychologique évoquant la naissance de la scientologie.

Phoenix semble multiplier les performances devant une caméra, n'hésitant pas à modifier son apparence physique pour mieux se fondre dans ses personnages, au risque avoué de parfois y perdre un peu de sa santé mentale! Acteur fétiche d'un autre metteur en scène indépendant, James Gray, le comédien s'est notamment illustré dans les années 2010 dans Her fable futuriste de Spike Jonze, Walk the line biopic torturé de Johnny Cash signé James Mangold  ou Le village, cauchemar paysan de M Night Shyamalan. Mais vous vous souvenez sans aucun doute de lui dans des films plus abordables comme Gladiator de Ridley Scott, en empereur romain Commode qui ne l'était finalement pas tant que cela !

A travers le regard ahuri d’un détective privé qui ne cesse de se triturer l’esprit par le spliff, Paul Thomas Anderson singe magnifiquement "Vice Caché" de Thomas Pynchon. Littéral et très bavard, le dernier film du réalisateur américain n’en est pas moins l’œuvre ...

Pour pénétrer le continent Inherent Vice, un seul mot d’ordre : lâcher prise. Devise singulière si l’on songe à la pétrification qui guettait Paul Thomas Anderson au fil de son précédent et sur-maitrisé Master. Ici, nulle trace de cette rigidité, de cette ostentation ...

Caresser le projet d’adapter Pynchon à l’écran, c’est un peu comme vouloir se désaltérer avec une brouette de gravas. C’est partir à la chasse armé d’une éponge. Vouloir jouer la 9ème de Beethoven en soufflant dans le cul d’une mouette. Il faut savoir que lire ...