GIVE ME LIBERTY

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Sous l’administration Trump, les relations entre les Etats-Unis et la Russie se sont diablement compliquées. Un film joue pourtant la carte de l’amitié incongrue, de la fraternité même : Give me Liberty, réalisé par Kirill Mikhanovsky, né à Moscou mais Américain d’adoption.

À Milwaukee, Vic, jeune Américain d’origine russe, transporte des personnes handicapées à leur rendez-vous médicaux. Déjà en retard et à deux doigts d’être viré, il doit sous la pression d’une famille envahissante, conduire une bande de petits vieux à un enterrement.

Périple folklo, au sein de quartiers agités par des tensions raciales, Give Me Liberty à la conscience politique bien aiguisée et un cœur gros comme ça. Il orchestre la rencontre entre les communautés russe et afro-américaine avec une générosité et un sens de la mise en scène formidables.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver THE WE AND THE I (Dans ce film américain de Gondry, au sous-texte politique, le bus cristallise aussi quelque chose de la société américaine.) ou encore LEAVE NO TRACE (Debra Granik, réalisatrice de LEAVE NO TRACE, et Kirill Mikhanovsky sont de grands amis dans la vie.).

Afin que le film garde une certaine authenticité vis-à-vis de ce qu’il dépeignait, Kirill Mikhanovsky a tenu à travailler avec des acteurs amateurs. Mais les producteurs qu’il rencontrait estimaient ce choix trop risqué financièrement : « Notre actrice principale, Lauren Spencer, est absolument fantastique, explique le réalisateur. Mais plein de producteurs voulaient que ce soit Lupita Nyong’o qui joue ce rôle-là. J’adore Lupita, c’est une actrice géniale, mais nous avons ardemment combattu cette idée. » En effet, pour jouer ce jeune personnage handicapé, il fallait trouver une comédienne qui elle-même vivait avec un handicap et Lauren Spencer a été diagnostiquée de la sclérose en plaques à l’âge de 14 ans. « Pour ce rôle, on savait que [caster Lupita] aurait entamé l’intégrité du film, conclut Mikhanovsky, ça aurait été malhonnête et injuste envers tous les autres acteurs handicapés. »

À l’origine, le film était budgété à 1,2 millions de dollars. « Ça restait très raisonnable, justifie Mikhanovsky, vu qu’on avait beaucoup, de personnages, de décors, qu’on voulait tourner en hiver – ce qui rend le tournage laborieux… Travailler avec des personnes qui ont des handicaps, des acteurs non professionnels, ça peut prendre un peu plus de temps. Travailler avec 12 octogénaires malades et un peu sourds, qui ne parlaient pas anglais, aussi. » D’abord accompagnés par la société de production A24, qui a amené Moonlight jusqu’aux Oscars, Mikhanovsky et sa scénariste, amie et coproductrice Alice Austen, ont finalement été lâchés par la société, suite à des différends artistiques. Le projet repart de zéro mais le tournage démarre quand même, alors que l’équipe cherche des fonds en parallèle. Un investisseur, ami d’un ami de Mikhanovsky, met 100000 dollars sur la table et finalement le film peut se faire en mode guérilla pour un budget représentant 1/5 du budget prévu.

Give me Liberty a été projetée à un public pour la première fois à Sundance 2019, dans une version non finie, et a été très apprécié par la presse et le public. Toutefois, Mikhanovsky comptait sur le festival pour vendre le film dans le monde entier… « Pourtant, des distributeurs ont trouvé que c’était ‘invendable’, ‘irregardable’, ‘trop européen’. Que c’était ‘un film que le public américain ne voudrait même pas voir’. » En France, le film est acheté par WildBunch qui emmène sa version finale jusqu’à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes 2019, où le film est couvert d’éloges.

J'ai adoré ce film, car pour moi, il représente l'Amérique des "anti-Trump", celle des déclassés, des invisibles, des immigrés, des handicapés. Celles et ceux que la route a laissé de côté. Heureusement qu'il y a des gars comme Vic, pour les récupérer au bord de la ...

La très grande force du film réside dans la conversion cinématographique d’une expérience individuelle et autobiographique en énergie humaine capable de célébrer l’homme dans sa diversité fondamentale. Prendre un ingénu en guise de personnage principal évoque les ...

Give me liberty est à l’image de son réalisateur: généreux et bouillonnant. Kirill Mikhanovsky est bavard, amusé par la vie et ses anecdotes qu’il adore raconter et dont il semble ne jamais être rassasié. Il est aussi d’origine russe, a grandi a Millwaukee et a exercé ...